L'hébreu biblique
Le blog de Haïm Ouizemann

Haftarat Eqev, Israël, le Joyau de l’Eternel

וַיִּקְחוּ בְנֵי-אַהֲרֹן נָדָב וַאֲבִיהוּא אִישׁ מַחְתָּתוֹ וַיִּ

Le refleurissement d’Israël

“Pas un seul village [dans la Vallée de Jezréel] – rien sur trente miles [dans les deux sens. Deux ou trois petits groupes de tentes bédouines, mais pas une seule habitation permanente. On peut voyager pendant dix miles sans rencontrer dix êtres humains [… ] Déserts sans âme qui vive, collines vides …” (Marc Twain, Journal, 1867)

Le texte de la haftarat Eqev[1] commence par le sentiment de profonde détresse et angoisse qu’éprouve Israël en exil :

יד וַתֹּאמֶר צִיּוֹן עֲזָבַנִי יְהוָה וַאדֹנָי שְׁכֵחָנִי. (ישעיהו מט: יד)14 Et Sion avait dit : “L’Eternel m’a délaissée, le Seigneur m’a oubliée.” (Isaïe 49 : 14).

Cette première affirmation de Sion ouvrant la haftarah contraint l’Eternel à réagir et à engager le dialogue avec cette dernière. L’intégralité du texte est consacrée à la Parole divine qui semble être une réponse de consolation au livre des Lamentations :

א אֵיכָה יָשְׁבָה בָדָד הָעִיר רַבָּתִי עָם הָיְתָה כְּאַלְמָנָה רַבָּתִי בַגּוֹיִם שָׂרָתִי בַּמְּדִינוֹת–הָיְתָה לָמַס… יז פֵּרְשָׂה צִיּוֹן בְּיָדֶיהָ אֵין מְנַחֵם לָהּ צִוָּה יְהוָה לְיַעֲקֹב סְבִיבָיו צָרָיו הָיְתָה יְרוּשָׁלִַם לְנִדָּה, בֵּינֵיהֶם. (איכה א: א; יז) 1 Comment est-elle assise solitaire, la cité si populeuse ! Elle, si puissante parmi les peuples, est comme veuve ; elle, souveraine parmi les provinces, est devenue tributaire ! … 17 Sion tend les mains : personne ne la console. L’Eternel a convoqué contre Jacob ses ennemis à la ronde ; Jérusalem est devenue un objet de dégoût parmi eux. (Lamentations 1 : 1 ; 17).

Ainsi, alors même que l’Eternel dit, dans le Livre des Lamentations, avoir abandonné son peuple, la haftarah précise par une question rhétorique que l’Eternel ne pourra jamais oublier son enfant, Israël :

טו הֲתִשְׁכַּח אִשָּׁה עוּלָהּ מֵרַחֵם בֶּן-בִּטְנָהּ גַּם-אֵלֶּה תִשְׁכַּחְנָה וְאָנֹכִי לֹא אֶשְׁכָּחֵךְ. (ישעיהו מט: טו)15 Est-ce qu’une femme peut oublier son nourrisson, le fruit de ses entrailles ? Fût-elle capable d’oublier, moi je ne t’oublie point ! (Isaïe 49 : 15).

L’Eternel rappelle que « le captif », à savoir Israël, sera libéré de la tyrannie des empires conquérants, rappelant en cela la Sortie d’Egypte, de l’esclavage aliénant.

כד הֲיֻקַּח מִגִּבּוֹר מַלְקוֹחַ וְאִם-שְׁבִי צַדִּיק יִמָּלֵט. כה כִּי-כֹה אָמַר יְהוָה גַּם-שְׁבִי גִבּוֹר יֻקָּח וּמַלְקוֹחַ עָרִיץ יִמָּלֵט וְאֶת-יְרִיבֵךְ אָנֹכִי אָרִיב וְאֶת-בָּנַיִךְ אָנֹכִי אוֹשִׁיעַ. (ישעיהו מט: כד-כה)24 Quoi ! Arrachera-t-on au héros son butin ? Le juste en captivité s’échappera-t-il ? 25 Or, ainsi parle l’Eternel : “Oui, le butin du héros lui sera arraché ; oui, le prisonnier du tyran lui échappera ! Car moi-même je serai ton champion contre tes adversaires, et je sauverai tes enfants. (Isaïe 49 : 24-25).

L’Eternel, par la voix du prophète Isaïe, sous-entend que, contrairement aux enfants d’Israël qui l’ont oublié, Lui l’Eternel n’oublie pas l’Alliance conclue avec les Patriarches d’Israël :

טז הֵן עַל-כַּפַּיִם חַקֹּתִיךְ חוֹמֹתַיִךְ נֶגְדִּי תָּמִיד. (ישעיהו מט: טז) 16 Oui, j’ai gravé ton nom sur la paume de mes mains, tes remparts sont constamment devant mes yeux. (Isaïe 49 : 16).

Ainsi, même s’il arrive parfois que le peuple d’Israël soit atteint d’amnésie, l’Eternel, le Gardien de l’Alliance, a gravé Celle-ci sur ses propres mains, tel un serment, en signe d’éternité et de fidélité à Sa promesse du don de la terre, Erets Israël. Aucune nation ne peut prétendre s’accaparer cette Alliance, comme cela s’est produit pourtant dans l’Histoire de l’Humanité. La thèse du « Verus Israël », selon laquelle le catholicisme s’affirme en tant que « vrai Israël » au détriment d’« Israël selon la chair », conduira à la destruction d’une grande partie du peuple d’Israël aussi bien par les catholiques que par les protestants.

C’est la raison pour laquelle l’Eternel, par la voix du prophète Isaïe, enjoint à Sion d’ouvrir les yeux afin de contempler la réalisation de la promesse du retour des exilés. Les fils d’Israël sont comparés à une parure enveloppant, dans une relation intime, le Divin :

יח שְׂאִי-סָבִיב עֵינַיִךְ וּרְאִי כֻּלָּם נִקְבְּצוּ בָאוּ-לָךְ חַי-אָנִי נְאֻם-יְהוָה כִּי כֻלָּם כָּעֲדִי תִלְבָּשִׁי וּתְקַשְּׁרִים כַּכַּלָּה. (ישעיהו מט: יח)18 Porte tes regards à l’entour et vois : tous se sont rassemblés, ils viennent vers toi ! Vrai comme je suis vivant, dit l’Eternel, tu les revêtiras tous comme une parure, tu te ceindras d’eux comme une fiancée. (Isaïe 49 : 18).

L’Eternel se reconnaît à sa parure, à la réalisation de la promesse du retour des exilés.

Comment Sion et ses enfants peuvent-ils corriger leurs voies afin de ne plus reproduire leurs erreurs d’antan ?  

La voie royale du Retour à l’Eternel réside chez le Patriarche Avraham et la Matriarche Sarah qui, fidèles à l’Eternel, constituent la source et la matrice fondatrice de la Nation hébraïque :

א שִׁמְעוּ אֵלַי רֹדְפֵי צֶדֶק מְבַקְשֵׁי יְהוָה הַבִּיטוּ אֶל-צוּר חֻצַּבְתֶּם וְאֶל-מַקֶּבֶת בּוֹר נֻקַּרְתֶּם. ב הַבִּיטוּ אֶל-אַבְרָהָם אֲבִיכֶם וְאֶל-שָׂרָה תְּחוֹלֶלְכֶם:  כִּי-אֶחָד קְרָאתִיו וַאֲבָרְכֵהוּ וְאַרְבֵּהוּ. (ישעיהו נא: א-ב)1 Ecoutez-moi, vous qui poursuivez la justice, vous qui recherchez l’Eternel ! Jetez les yeux sur le rocher d’où vous fûtes taillés, sur le puits de carrière d’où vous fûtes extraits. 2 Considérez Abraham, votre père, Sara, qui vous a enfantés ; lui seul je l’ai appelé, je l’ai béni et multiplié. (Isaïe 51 : 1-2).

La haftarat Eqev s’achève sur le même motif que celui de l’introduction. Les ruines de Jérusalem seront reconstruites, Erets Israël renaîtra de ses cendres et les exilés reviendront peupler la terre promise aux Patriarches :

ג כִּי-נִחַם יְהוָה צִיּוֹן, נִחַם כָּל-חָרְבֹתֶיהָ וַיָּשֶׂם מִדְבָּרָהּ כְּעֵדֶן וְעַרְבָתָהּ כְּגַן-יְהוָה שָׂשׂוֹן וְשִׂמְחָה יִמָּצֵא בָהּ תּוֹדָה וְקוֹל זִמְרָה. (ישעיהו נא: ג)3 Ainsi l’Eternel a consolé Sion, il a consolé toutes ses ruines ; il a transformé son désert en Eden, sa plaine aride en jardin divin. Dans son sein régneront la joie et l’allégresse, les actions de grâces et la voix des cantiques. (Isaïe 51 : 3).

Cette conclusion écrite sous forme d’une consolation n’est point sans rappeler la parashat Eqev où la promesse du don de la terre est conditionnée au respect des injonctions divines :

ו וְשָׁמַרְתָּ אֶת-מִצְוֺת יְהוָה אֱלֹהֶיךָ לָלֶכֶת בִּדְרָכָיו וּלְיִרְאָה אֹתוֹ. ז כִּי יְהוָה אֱלֹהֶיךָ מְבִיאֲךָ אֶל-אֶרֶץ טוֹבָה אֶרֶץ נַחֲלֵי מָיִם עֲיָנֹת וּתְהֹמֹת יֹצְאִים בַּבִּקְעָה וּבָהָר. ח אֶרֶץ חִטָּה וּשְׂעֹרָה וְגֶפֶן וּתְאֵנָה וְרִמּוֹן אֶרֶץ-זֵית שֶׁמֶן וּדְבָשׁ. (דברים ח: ו-ח)6 et tu observeras les commandements de l’Éternel, ton Seigneur, en marchant dans ses voies et en le révérant. 7 Car l’Éternel, ton Seigneur, te conduit sur une terre bonne, un pays plein de cours d’eau, de sources et de torrents, qui jaillissent dans la vallée ou sur la montagne ; 8 un pays qui produit le froment et l’orge, le raisin, la figue et la grenade, l’olive huileuse et le miel … (Deutéronome 8 : 6-8).

[1] Parashat Eqev : Deutéronome 7 : 12-11 : 25 ; Haftarat Eqev : Isaïe 49 : 14-51 : 3.

Shabbat shalom !

Haïm Ouizemann

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J’ai plus de 30 ans d’expérience dans l’étude et l’enseignement de la Bible. Il n’y a pas de limite à ce que la Bible prodigue comme connaissance et inspiration pour la vie.
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