L'hébreu biblique
Le blog de Haïm Ouizemann

Haftarat Ki Tetsé, Le Temps des Amours retrouvées

וַיִּקְחוּ בְנֵי-אַהֲרֹן נָדָב וַאֲבִיהוּא אִישׁ מַחְתָּתוֹ וַיִּ

Ketoubah – Contrat de mariage dans la tradition juive

Il suffit d’un très petit degré d’espérance pour causer la naissance de l’amour“. (Stendhal)

La haftarat Ki Tetsé[1] compare la cité de Jérusalem à une figure féminine. Jérusalem est d’abord présentée sous les traits d’une femme stérile, puis d’une femme veuve et enfin d’une femme abandonnée par son Epoux, autrement dit l’Eternel.

א רָנִּי עֲקָרָה לֹא יָלָדָה פִּצְחִי רִנָּה וְצַהֲלִי לֹא-חָלָה כִּי-רַבִּים בְּנֵי-שׁוֹמֵמָה מִבְּנֵי בְעוּלָה אָמַר יְהוָה. ד אַל-תִּירְאִי כִּי-לֹא תֵבוֹשִׁי וְאַל-תִּכָּלְמִי כִּי לֹא תַחְפִּירִי  כִּי בֹשֶׁת עֲלוּמַיִךְ תִּשְׁכָּחִי וְחֶרְפַּת אַלְמְנוּתַיִךְ לֹא תִזְכְּרִי-עוֹד. ו כִּי-כְאִשָּׁה עֲזוּבָה וַעֲצוּבַת רוּחַ קְרָאָךְ יְהוָה וְאֵשֶׁת נְעוּרִים כִּי תִמָּאֵס אָמַר אֱלֹהָיִךְ. (ישעיהו נד: א; ד; ו)1 Réjouis-toi, femme stérile qui n’as point enfanté ! Fais éclater ton allégresse et chante, toi qui n’as pas été en mal d’enfant ! Car plus nombreux seront les enfants de la femme délaissée que de la femme mariée, a dit l’Eternel.,, 4 Ne crains pas, car tu ne seras plus humiliée ; ne sois pas confuse, car tu ne subiras plus d’outrage; car la honte de ta jeunesse, tu l’oublieras, le déshonneur de ton veuvage, tu ne t’en souviendras plus. 6 Car comme une femme abandonnée et au cœur affligé, l’Eternel t’a rappelée ; la compagne de la jeunesse peut-elle être un objet de dédain ? Ainsi parle le Seigneur (Isaïe 54 : 1 ; 4 ; 6).

Ces trois versets rappelant la faute et la chute de Jérusalem ont, toutefois, un dénominateur commun, celui d’annoncer des jours meilleurs pour Jérusalem. L’espérance et la consolation sont au cœur de la haftarat Ki Tetsé. Ainsi, la femme stérile recouvrera sa fécondité d’antan, la femme veuve sera consolée et la femme abandonnée retrouvera son époux :

ה כִּי בֹעֲלַיִךְ עֹשַׂיִךְ יְהוָה צְבָאוֹת שְׁמוֹ וְגֹאֲלֵךְ קְדוֹשׁ יִשְׂרָאֵל אֱלֹהֵי כָל-הָאָרֶץ יִקָּרֵא. (ישעיהו נד: ה)5 Car ton époux qui t’a créée, qui a pour nom l’Eternel-des Armées, ton Sauveur est le Saint d’Israël, qui s’appellera le Seigneur de toute la terre. (Isaïe 54 : 5).

Est-il cependant correct de penser que l’Eternel ait pu « divorcer » de son peuple Israël, appelé également « כְּנֶסֶת יִשְׂרָאֵל Knesset Israël, l’Assemblée d’Israël » ?

La réponse nous est vraisemblablement donnée par la parashat Ki Tetsé. En effet, il est dit :

א כִּי-יִקַּח אִישׁ אִשָּׁה וּבְעָלָהּ וְהָיָה אִם-לֹא תִמְצָא-חֵן בְּעֵינָיו כִּי-מָצָא בָהּ עֶרְוַת דָּבָר וְכָתַב לָהּ סֵפֶר כְּרִיתֻת וְנָתַן בְּיָדָהּ וְשִׁלְּחָהּ מִבֵּיתוֹ. ב וְיָצְאָה מִבֵּיתוֹ וְהָלְכָה וְהָיְתָה לְאִישׁ-אַחֵר. ג וּשְׂנֵאָהּ הָאִישׁ הָאַחֲרוֹן וְכָתַב לָהּ סֵפֶר כְּרִיתֻת וְנָתַן בְּיָדָהּ, וְשִׁלְּחָהּ מִבֵּיתוֹ אוֹ כִי יָמוּת הָאִישׁ הָאַחֲרוֹן אֲשֶׁר-לְקָחָהּ לוֹ לְאִשָּׁה. ד לֹא-יוּכַל בַּעְלָהּ הָרִאשׁוֹן אֲשֶׁר-שִׁלְּחָהּ לָשׁוּב לְקַחְתָּהּ לִהְיוֹת לוֹ לְאִשָּׁה אַחֲרֵי אֲשֶׁר הֻטַּמָּאָה כִּי-תוֹעֵבָה הִוא לִפְנֵי יְהוָה וְלֹא תַחֲטִיא אֶת-הָאָרֶץ אֲשֶׁר יְהוָה אֱלֹהֶיךָ נֹתֵן לְךָ נַחֲלָה. (דברים כד: א-ד)1 “Quand un homme aura pris une femme et cohabité avec elle, si elle cesse de lui plaire, parce qu’il aura remarqué en elle quelque chose de malséant, il lui écrira un libelle de divorce, le lui mettra en main et la renverra de chez lui. 2 Si, sortie de la maison conjugale, elle se remarie et devient l’épouse d’un autre homme, 3 et que ce dernier, l’ayant prise en aversion, lui écrive un libelle de divorce, le lui mette en main et la renvoie de chez lui ; ou que ce même homme, qui l’a épousée en dernier lieu, vienne à mourir, 4 son premier mari, qui l’a répudiée, ne peut la reprendre une fois qu’elle s’est laissée souiller, car ce serait une abomination devant le Seigneur. Or, tu ne dois pas déshonorer le pays que l’Eternel, ton Seigneur, te donne en héritage. (Deutéronome 24 : 1-4).

Si l’on s’en tient à ces versets de la Torah, il est possible d’en déduire que l’Eternel, l’Epoux d’Israël, n’a jamais répudié son peuple. L’eût-il répudié, il n’aurait jamais pu le reprendre comme « épouse », ainsi que l’indiquent les versets précédents. Comme le suggère la haftarah :

ז בְּרֶגַע קָטֹן עֲזַבְתִּיךְ וּבְרַחֲמִים גְּדֹלִים אֲקַבְּצֵךְ. ח בְּשֶׁצֶף קֶצֶף הִסְתַּרְתִּי פָנַי רֶגַע מִמֵּךְ וּבְחֶסֶד עוֹלָם רִחַמְתִּיךְ אָמַר גֹּאֲלֵךְ יְהוָה. (ישעיהו נד: ז-ח)7 Un court instant je t’ai délaissée, et avec une grande tendresse je veux te recueillir. 8 Dans un transport de colère je t’ai, un instant, dérobé ma face ; désormais je t’aimerai d’une affection sans bornes, dit ton libérateur, l’Eternel. (Isaïe 54 : 7-8).

Le mot-clef « רֶגַע/ RéGa’- Instant » enseigne que l’exil, pour autant qu’il fut interminable et douloureux, ne constitue dans la longue Histoire d’Israël qu’une parenthèse temporaire et éphémère ! Ainsi, de la même manière que l’Eternel conclut avec Noah et l’ensemble de l’Humanité une alliance s’engageant à ne plus jamais détruire le monde (Genèse 9 : 11-17), l’Eternel assure par son Alliance avec son peuple Israël que ce dernier ne connaîtra plus jamais l’exil et la mort.

ט כִּי-מֵי נֹחַ זֹאת לִי אֲשֶׁר נִשְׁבַּעְתִּי מֵעֲבֹר מֵי-נֹחַ עוֹד עַל-הָאָרֶץ–כֵּן נִשְׁבַּעְתִּי מִקְּצֹף עָלַיִךְ וּמִגְּעָר-בָּךְ. (ישעיהו נד: ט) 9 Car Je ferai en cela comme pour les eaux de Noé : de même que j’ai juré que le déluge de Noé ne désolerait plus la terre, ainsi je jure de ne plus m’irriter ni te menacer contre toi. (Isaïe 54 : 9).

La haftarat Ki Tetsé s’achève par le renouvellement de l’Alliance entre l’Eternel et son peuple Israël. Cette promesse faite par le prophète Isaïe, sous forme d’apothéose datant de 2200 ans, est aujourd’hui devenue une réalité palpable. Pour preuve, le repeuplement d’Israël qui compte aujourd’hui neuf millions d’habitants avec ses minorités et la création de l’état hébreu moderne qui jour après jour ne craint pas de relever les défis de notre monde.

Le secret de la pérennité d’Israël réside dans ce respect de l’Alliance qui lui vaut d’être reconnu mondialement dans tous les domaines aussi bien artistique, scientifique que littéraire.

י כִּי הֶהָרִים יָמוּשׁוּ וְהַגְּבָעוֹת תְּמוּטֶינָה וְחַסְדִּי מֵאִתֵּךְ לֹא-יָמוּשׁ וּבְרִית שְׁלוֹמִי לֹא תָמוּט אָמַר מְרַחֲמֵךְ יְהוָה. (ישעיהו נד: י)10 Que les montagnes chancellent, que les collines s’ébranlent, ma tendresse pour toi ne chancellera pas, ni mon Alliance de paix ne sera ébranlée, dit Celui qui t’aime, l’Eternel ! (Isaïe 54 : 10).

[1] Parashat Ki Tetsé : Deutéronome 21 : 10-25 : 19 ; Haftarat Ki Tetsé : Isaïe 54 : 1-10.

Shabbat shalom !

Haïm Ouizemann

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J’ai plus de 30 ans d’expérience dans l’étude et l’enseignement de la Bible. Il n’y a pas de limite à ce que la Bible prodigue comme connaissance et inspiration pour la vie.
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