Une lecture suivie des trois premières péricopes bibliques (“Shemot”, “VaEra” et “Bo”) nous permet de découvrir la présence de verbes récurrents: ”endurcir” et “alourdir” (“j’endurcirai”/;” אֲחַזֵּק” “alourdir” le cœur de Pharaon/” כָּבֵד לֵב“). L’Eternel promet à Moïse d’endurcir le cœur de Pharaon: «וַאֲנִי אֲחַזֵּק אֶת-לִבּוֹ וְלֹא יְשַׁלַּח אֶת-הָעָם» (שמות ד’, כ”א; ז’, י”ג; ט’, י”ב- ל”ה; י’,כ’; י”א, כ)
«…Mais moi je laisserai s’endurcir son cœur et il ne renverra point le peuple».(Exode 4:21; 7: 13; 9: 12- 35; 10: 20; 11:20.
L’Eternel frappe durement l’Egypte afin que Pharaon se soumette à Sa Volonté, celle de faire sortir les Fils d’Israël de la Maison d’esclaves. Pharaon soumis à l’orgueil de sa toute puissance ne cède à aucun instant. Même lorsque le dixième et dernier fléau atteint les premiers-nés d’Egypte, Pharaon ne montre aucun signe déterminant de soumission à la Volonté divine. Ne s’avouant à aucun moment vaincu par l’Eternel, Pharaon se relève du deuil des premiers-nés afin de poursuivre les Fils d’Israël qui freinés par la Mer des Joncs remettent leur vie à l’infinie puissance de l’Eternel. L’action divine ne se fait pas attendre: l’armée, fierté de la plus puissante force mondiale, sombre dans les profondeurs abyssales de la Mer des Joncs après que les premiers-nés égyptiens soient tombés sous le coup providentiel de la dixième plaie divine. Rien y fait pourtant. Pharaon s’obstine à nier totalement la providence de l’Eternel.
«וַיֹּאמֶר יְהוָה אֶל-מֹשֶׁה כָּבֵד לֵב פַּרְעֹה מֵאֵן לְשַׁלַּח הָעָם» (שמות ז’, י”ד; ח’, י”א; ט’, ז’)
L’Éternel dit à Moïse: “Le cœur de Pharaon est lourd, il refuse de laisser partir le peuple. (Exode 7: 14; 8: 11; 9: 7)
Dans le contexte du refus total de libérer les Hébreux d’Egypte, quel sens pouvons-nous proposer aux versets relatifs à “l’alourdissement du cœur” de Pharaon. L’étude de la dimension religieuse relative au jugement des âmes en Egypte antique est susceptible de nous guider à saisir l’ampleur de la signification de ces versets. En effet, il était d’usage, à la mort des Pharaons, de pratiquer la cérémonie de la “pesée du cœur” où l’âme (Ba) du défunt était jugée à être condamnée à la mort éternelle ou à gagner la vie éternelle dans l’au-delà. Le cœur placé sur la balance du jugement devait égaler le poids de la plume de la déesse Maât chargée de la Justice et de l’équilibre du monde. Si le poids du cœur dépassait celui de la plume, l’âme du défunt présenté devant Osiris, le dieu égyptien de la Création, était alors dévorée par la déesse Ammout « La dévoreuse des morts ». L’ “alourdissement du cœur”, jugement divin réservé à Pharaon constitue, semble-t-il, la onzième plaie d’Egypte, celle qui restera cachée du regard des Hommes. Les portes du monde de l’au-delà restent interdites à Pharaon. L’Eternel en touchant à l’institution du culte des morts en Egypte enseigne, en tant que Créateur de l’Univers, qu’Il reste le Maitre exclusif non seulement de la vie d’ici-bas mais aussi du monde de l’au-delà:
«אָנָה אֵלֵךְ מֵרוּחֶךָ וְאָנָה מִפָּנֶיךָ אֶבְרָח: אִם אֶסַּק שָׁמַיִם שָׁם אָתָּה וְאַצִּיעָה שְּׁאוֹל הִנֶּךָּ»
«Si j’escalade les cieux, tu es là, si je fais du Cheol ma couche, te voici encore!» (Psaume 139)
Si l’étude du TaNaKh vous fait rêver, n’hésitez pas à me joindre:
Au plaisir de vous retrouver,
Cordial shalom d’Israël,
5 réponses
Merci pour ces éclairages : on ne peut en effet comprendre les écrits bibliques sans la prise en compte du contexte régional antique, Egypte, Assyrie, Mésopotamie… Le poids de l’Egypte en particulier, même si c’est en réaction contre elle.
Intéressant !
Que Dieu vous garde
Oui, connaitre les croyances, ou habitudes des peuples bibliques, est vraiment intéressant. Cela donne une autre dimension à notre lecture de la Bible. Merci Haïm.