Le lupin, la nourriture des pauvres

Photos Haïm Ouizemann © – Mars 2025

Le lupin [תֻּרְמוּס/ Tourmous Tourmoussa (en araméen)/ תֻּרְמְסָא] est fréquemment mentionné dans la littérature juive comme une plante aux vertus médicinales et comme nourriture pour les pauvres. Maïmonide (Rambam) a décrit ses propriétés thérapeutiques, et les Sages ont statué : “On peut déplacer le lupin le Chabbat parce que c’est une nourriture pour les pauvres.”

“מְפַנִּין אֶת הַתֻּרְמוֹס בִּשְׁבִיל מְזוֹן הַבְּהֵמָה, וְאֶת הַמָּזוֹן בִּשְׁבִיל מְזוֹן אָדָם”

“On peut déplacer le lupin pour nourrir les animaux, et la nourriture pour nourrir les humains” (Mishna, Shabbat 18:1).

Ses graines, toxiques à l’état brut, nécessitaient une préparation spéciale avant consommation, comme le rapporte le Talmud (Berakhot 38, a) : “On fait bouillir le lupin sept fois et on le mange en fin de repas.”

Les sources talmudiques racontent que Rabbi Shimon bar Yohaï utilisa le lupin pour purifier Tibériade de l’impureté des tombes. Selon le Talmud de Babylone (Shabbat 33, b), il sema des lupins dans les zones suspectes : là où ils poussaient rapidement, cela indiquait la présence d’une tombe, permettant ainsi aux prêtres de les éviter. Le Talmud de Jérusalem offre une version plus miraculeuse : Rabbi Shimon aurait dispersé des lupins, faisant remonter les morts à la surface.

Les graines de lupin, rondes et grosses, servaient de nourriture pour les endeuillés, conformément à la tradition de consommer des aliments ronds symbolisant le cycle de la vie. Elles constituaient aussi une nourriture de survie en temps de famine, comme pendant la Première Guerre mondiale.

Le lupin est également mentionné dans des contextes halakhiques, comme les lois du mouktsé (objets interdits le Chabbat, Shabbat 18, a et  128, a, Rachi :  הַתֻּרְמוֹס – מָזוֹן לַעֲנִיִּים הוּא””, “Le lupin est un aliment pour pauvres”) et l’interdiction des mélanges de graines (kilayim, Kilayim 1:3). Aujourd’hui encore, sa consommation est répandue au Moyen-Orient, notamment après cuisson pour éliminer son amertume.

Photos Haïm Ouizemann © – Mars 2025

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Pourquoi le lupin était-il la nourriture des pauvres ?

Le lupin a toujours pousser à l’état sauvage en Israël (7 espèces sur 300 dans le monde) et ne nécessitait pas de culture coûteuse, ce qui en faisait un aliment accessible aux plus démunis.

Photos Haïm Ouizemann © – Mars 2025

Ses graines, naturellement amères et toxiques, devaient être bouillies sept fois pour éliminer leurs alcaloïdes. Bien que fastidieux, ce processus ne demandait que de l’eau et du feu, des ressources peu coûteuses .

Pendant la Première Guerre mondiale, sous occupation ottomane et lors des invasions de criquets, le lupin devint une source alimentaire vitale en raison de sa résistance et de sa disponibilité.

Bien que considéré comme un “aliment pauvre”, le lupin est riche en protéines (environ 15 %) et en fibres, ce qui en faisait un aliment nourrissant malgré tout.

Aujourd’hui, le lupin préparé reste une collation populaire au Moyen-Orient, perpétuant une tradition millénaire.

Au-delà de ses qualités nutritives, le lupin est une plante très esthétique de par la couleur de feuilles blanches, bleues proches parfois du violet.

Photos Haïm Ouizemann © – Mars 2025

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Haïm Ouizemann