«…ceux-ci alors de leurs glaives forgeront des socs de charrue… un peuple ne tirera plus l’épée contre un autre peuple, et on n’apprendra plus l’art des combats» (Isaïe 2: 4).
Mordechaï Ardon (1896-1992), professeur d’Art à l’Ecole des Beaux-Art de Betsalel, l’un des plus grands artistes israéliens[1], doit sa célébrité grâce à son œuvre magistrale, le grand vitrail situé à l’intérieur de la de la Bibliothèque Nationale d’Israël sur le campus de l’Université de Jérusalem à Guivat Ram. Mordechaï Ardon rendra hommage à sa défunte épouse Myriam en composant au bas de la fenêtre de gauche une bougie du souvenir à sa mémoire.
Quatre années seront nécessaires à Mordechaï Ardon pour composer cet immense vitrail s’inspirant de la vision de la Fin des Temps tirée du prophète Isaïe qui annonce l’instauration d’un monde pacifié:
ש«הָיָה בְּאַחֲרִית הַיָּמִים נָכוֹן יִהְיֶה הַר בֵּית-יְהוָה בְּרֹאשׁ הֶהָרִים וְנִשָּׂא מִגְּבָעוֹת וְנָהֲרוּ אֵלָיו כָּל-הַגּוֹיִם. ג וְהָלְכוּ עַמִּים רַבִּים וְאָמְרוּ לְכוּ וְנַעֲלֶה אֶל-הַר-יְהוָה אֶל-בֵּית אֱלֹהֵי יַעֲקֹב וְיֹרֵנוּ מִדְּרָכָיו וְנֵלְכָה בְּאֹרְחֹתָיו כִּי מִצִּיּוֹן תֵּצֵא תוֹרָה וּדְבַר-יְהוָה מִירוּשָׁלִָם.ד וְשָׁפַט בֵּין הַגּוֹיִם וְהוֹכִיחַ לְעַמִּים רַבִּים וְכִתְּתוּ חַרְבוֹתָם לְאִתִּים, וַחֲנִיתוֹתֵיהֶם לְמַזְמֵרוֹת לֹא-יִשָּׂא גוֹי אֶל-גּוֹי חֶרֶב וְלֹא יִלְמְדוּ עוֹד מִלְחָמָה» (ישעיהו ב: ב-ד).ש
«Il arrivera, à la fin des temps, que la montagne de la maison du Seigneur sera affermie sur la cime des montagnes et se dressera au-dessus des collines, et toutes les nations y afflueront. 3 Et nombre de peuples iront en disant: “Or çà, gravissons la montagne de l’Eternel pour gagner la maison du Dieu de Jacob, afin qu’il nous enseigne ses voies et que nous puissions suivre ses sentiers, car c’est de Sion que sort la Torah et de Jérusalem la Parole du Seigneur.” 4 Il sera un arbitre entre les nations et le précepteur de peuples nombreux; ceux-ci alors de leurs glaives forgeront des socs de charrue et de leurs lances des serpettes; un peuple ne tirera plus l’épée contre un autre peuple, et on n’apprendra plus l’art des combats» (Isaïe 2: 2-4)
Composé sous forme de triptyque, l’œuvre de Mordechaï Ardon dépeint trois phases de l’Histoire universelle au cœur de laquelle se trouve celle d’Israël:
La fenêtre de gauche brosse le tableau d’une ère de renouveau où toutes les Nations de la terre décideront à la fin des temps de monter à Jérusalem afin d’adhérer à la conscience éthique et spirituelle d’Israël:
ש«וְהָלְכוּ עַמִּים רַבִּים וְאָמְרוּ לְכוּ וְנַעֲלֶה אֶל-הַר-יְהוָה אֶל-בֵּית אֱלֹהֵי יַעֲקֹב וְיֹרֵנוּ מִדְּרָכָיו וְנֵלְכָה בְּאֹרְחֹתָיו כִּי מִצִּיּוֹן תֵּצֵא תוֹרָה וּדְבַר-יְהוָה מִירוּשָׁלִָם».(ישעיהו ב: ג)ש
«Et nombre de peuples iront en disant: “Or çà, gravissons la montagne de l’Eternel pour gagner la maison du Dieu de Jacob, afin qu’il nous enseigne ses voies et que nous puissions suivre ses sentiers, car c’est de Sion que sort la Torah et de Jérusalem la Parole du Seigneur» (Isaïe 2: 3).
Notons l’entrecroisement des routes et des chemins de toutes les Nations qui, tel un subtil tissage, expriment la rencontre pacifique des Nations. Mues par la même aspiration de monter à Jérusalem pour apprendre les voies de l’Eternel, ces dernières ne guerroieront plus les unes contre les autres, car elles se retrouveront en un même Père Eternel. Le dialogue et la fraternité l’emporteront sur la haine et l’hostilité. Le verset biblique (Isaïe 2: 3) traduit dans toutes les langues démontre que l’unité mondiale accomplie à Jérusalem n’effacera toutefois point la particularité culturelle et cultuelle de chacune des Nations. La couleur bleue dominant les routes symbolise le ciel et le monde de la transcendance, de l’élévation intérieure.
La fenêtre centrale: le bleu de la fenêtre de gauche se transforme progressivement en rouge, symbole du sang versé par les hommes:
ש«יְדֵיכֶם דָּמִים מָלֵאוּ» (ישעיהו א: טו).ש
«…vos mains sont pleines de sang» (Isaïe 1: 15)
Une lutte entre la vie et la mort s’engage. Qui l’emportera? Le monde brisé par la violence des hommes et leur course infernale à l’arsenal nucléaire semble perdu. L’espoir du renouveau annoncé au sein de la fenêtre de gauche serait-il compromis? La position oblique du verset promettant la fin de toute guerre laisse planer un doute:
ש«וְכִתְּתוּ חַרְבוֹתָם לְאִתִּים וַחֲנִיתוֹתֵיהֶם לְמַזְמֵרוֹת לֹא יִשָּׂא גוֹי אֶל-גּוֹי חֶרֶב וְלֹא-יִלְמְדוּ עוֹד מִלְחָמָה» (ישעיהו ב: ד).ש
«Ceux-ci alors de leurs glaives forgeront des socs de charrue et de leurs lances des serpettes; un peuple ne tirera plus l’épée contre un autre peuple, et on n’apprendra plus a se faire la guerre» (Isaïe 2: 4)
Toutefois, l’arbre séfirotique, au centre de la fenêtre, symbole d’harmonie universelle unissant le ciel et la terre, semble garantir la promesse d’un monde meilleur.
Le Tikkoun HaOlam (Réparation du Monde) repose sur Jérusalem comme l’indique la muraille représentée au bas de la fenêtre.Cette muraille, composée à partir du parchemin d’Isaïe découvert intégralement à Qumran, protège Jérusalem de toute conquête ultérieure. Ce ne sont point les armes de guerre qui protègent Jérusalem et le peuple d’Israël, mais son patrimoine culturel et la conservation de sa mémoire millénaire.
Quant à la fenêtre de droite, l’on assiste au renouvellement de la couleur bleue dominante sur le rouge à laquelle s’associent deux autres couleurs: le vert, symbole de régénération, de refleurissement et de fructification, et le violet. Quant à cette teinte de violet se diluant dans le blanc, elle rappelle le pardon final et la rémission des péchés par l’Eternel:
ש«לְכוּ-נָא וְנִוָּכְחָה יֹאמַר יְהוָה אִם יִהְיוּ חֲטָאֵיכֶם כַּשָּׁנִים כַּשֶּׁלֶג יַלְבִּינוּ אִם יַאְדִּימוּ כַתּוֹלָע כַּצֶּמֶר יִהְיוּ» (ישעהו א: יח).ש
«Oh! Venez, réconcilions-nous, dit l’Eternel! Vos péchés fussent-ils comme le cramoisi, ils peuvent devenir blancs comme neige; rouges comme la pourpre, ils deviendront comme la laine». (Isaïe 1: 18)
Les instruments de guerre brisés et déposés à terre annoncent l’avènement d’un monde pacifié où les hommes aspireront à se rencontrer afin de partager leur savoir.
ש«וְלֹא יִלְמְדוּ עוֹד מִלְחָמָה» (ישעיהו ב: ד)ש
«Lo Ilmedou Od Mil’hama! – L’on apprendra plus la guerre!» (Isaïe 2: 4)
[1] Prix de l’Unesco (1954), Prix d’Israël (1963)…
The Spielberg Jewish Film Archive – The Ardon Window
Au plaisir de vous retrouver,
Hag Shavouot Sameah!
,Avec toutes mes amitiés
Haïm Ouizemann
3 réponses
L,amour ???? est plus fort que la mort l,amour c’est la vie
Merci, Haïm, de nous permettre cet accès à la vraie beauté intérieure. HAG SHAVOUOT SAMEAKH!
beaucoup de symboliques dans ce vitrail!!
Je suis plus habituée à la symbolique chrétienne du Moyen-age, et il me faudra encore des explications si je vois ce splendide vitrail en vrai.
Peuple d’Israël, malgré les difficultés, malgré les tensions entre vous (normal comme dans tous les peuples), malgré les tensions extérieures, gardez toujours UNE et indivisible la foi qui vous unit!!!