ש«וְהוֹרַשְׁתֶּם אֶת-הָאָרֶץ וִישַׁבְתֶּם-בָּהּ כִּי לָכֶם נָתַתִּי אֶת-הָאָרֶץ לָרֶשֶׁת אֹתָהּ» (במדבר לג, נג).ש
«Vous recevrez en héritage ainsi le pays et vous vous y établirez; car c’est à vous que je le donne à titre d’héritage» (Nombres 33: 53)[1]
Qui connaît Kfar HaTeimanim («le Village des Yéménites»), et qui peut prétendre l’avoir visité? Ce lieu, fondé il y a exactement 134 ans, se situe au Sud du Mur Occidental, non loin de la Piscine de Siloé, du Palais du roi David et du Mont des Oliviers.
Tout commence en 1882, lorsque quinze familles, toutes originaires du Yémen, s’installent en pionnières, en ce lieu désertique et totalement inculte afin d’y fonder le Village qui porte encore leur nom: Kfar HaTeimanim. Mal acceptées par les communautés séfarades et ashkénazes de Jérusalem, ces familles vivront, dans un premier temps, dans des grottes.
L’alyah yéménite, connue sous le nom de «E’eleh BeTamar»[2] s’inspire du verset biblique tiré du Cantique des Cantiques:
ש«אָמַרְתִּי אֶעֱלֶה בְתָמָר אֹחֲזָה בְּסַנְסִנָּיו» (שיר השירים ז, ט).ש
«Je me suis dit: Je monterai au palmier, je saisirai ses rameaux» (Cant. Des Cant. 7: 9)
Ces familles pauvres et très religieuses, animées par le souffle du retour de la Présence divine, aspirent à s’installer non loin du Har HaBayit («Mont du Temple»). Le célèbre journaliste Israël Dov Baer Froumkin (יִשְׂרָאֵל דּוֹב בֶּער פְרוּמְקִין) fonde, en 1883, l’association «EzRaT NiDaKhiM» afin de soutenir ces familles vivant dans la plus grande pauvreté.
En 1891, le Village s’enorgueillit de soixante-cinq maisons et d’une synagogue dont l’une des plus célèbres est dénommée «Beit HaDvash», «Maison du Miel». Deux rabbins dirigent la vie communautaire : Le rabbin Yossef Saïd Matsmoni et son successeur le rabbin Aaron Malia’h.
La virulente hostilité arabe, s’exprimant entre autres par l’interdiction faite aux Juifs d’accéder à la Piscine de Siloé, renforce l’enracinement des Yéménites déterminés à ne point quitter le Village en voie d’édification. Toute la Communauté Yéménite décide de s’investir pleinement pour bâtir de nouvelles bâtisses.
A la suite de la première guerre mondiale, nombreux sont les hommes à être enrôlés pour le travail forcé dans des camps militaires turcs. Et en dépit du départ d’une grande partie de sa population, 153 habitants juifs demeureront dans le Village.
En 1929, lors des pogroms survenus à Hébron, la Cité des Patriarches, les habitants de Kfar HaTeimanim furent contraints de fuir vers Jérusalem. A l’issue de ces pogroms, les habitants ayant fui retournent progressivement chez eux. La famille arabe de Mo’hamad Jozlan se fera un honneur de protéger les Juifs du Village qui ne manqueront point de lui exprimer leur profonde gratitude.
Mais si les Arabes échouent, en 1929, dans leurs tentatives visant à décimer l’ensemble des Juifs de Kfar HaTeimanim grâce aux Arabes du Village, les Britanniques, lors des pogroms de 1936, réussissent dans leur mission d’éradication de toute présence juive en ce lieu fondé sans violence 53 ans plus tôt par les Yéménites animés d’un farouche esprit pionnier. En effet, les autorités anglaises, sous prétexte d’«offrir» leur protection aux Juifs, leur imposent l’évacuation (1938) avec la promesse fallacieuse de les y ramener dès que la menace arabe viendrait à disparaître. Malgré les protestations provenant du Bureau Juif National situé à Jérusalem, la promesse des Autorités Britanniques ne fut jamais tenue! Les maisons et leur contenu furent non seulement spoliés par les Arabes mais furent également la proie d’un vandalisme exacerbé par la haine du Juif et de sa présence en Erets, expression vivante de la réalisation de la Promesse divine:
ש «וַיֵּרָא יְהוָה אֶל-אַבְרָם וַיֹּאמֶר לְזַרְעֲךָ אֶתֵּן אֶת-הָאָרֶץ הַזֹּאת» (בראשית יב, ז).ש
«L’Éternel apparut à Abram et dit :”C’est à ta postérité que je destine ce pays» (Gen. 12: 7)
A l’issue de la seconde guerre mondiale, le Président du Bureau Juif National Its’hak ben Tsvi – futur Président de l’Etat d’Israël- aspire à sérieusement restaurer le Village des Teimanim mais la guerre d’Indépendance qui éclate en 1948, met fin à ce rêve. Kfar HaTeimanim tombe aux mains des Jordaniens. Même après la guerre des Six jours et la victoire d’Israël sur la Jordanie, le statut juridique ne permet point le retour tant espéré.
En 2005, soit 67 ans après avoir été abandonné, le Village, lieu hautement historique, voit le retour des Juifs, y revenant dans le dessein de le restaurer et d’y habiter.
Notre fille Dévora et notre gendre Snir, animés de ce même souffle pionnier qui anima les premiers Olim Yéménites, y vivent aujourd’hui. Leur immeuble, plus connu sous le nom de «Beit Yonathan», situé au cœur même du quartier arabe, rappelle le devoir de notre peuple de renouveler, sans peur et sans reproche, sa présence dans tout Israël, au grand dam des Nations frappées de cécité morale et historique. Moins de 20 familles juives y sont installées à ce jour, face à 17 000 habitants arabes.
A quelques jours de la commémoration du onzième anniversaire de l’expulsion de plus de 8000 Juifs du Goush Katif par le Premier Ministre Ariel Sharon, rappelons le droit absolu de tout juif de s’installer sur l’ensemble d’Erets d’Israël.
ש«הוֹשִׁיעָה אֶת-עַמֶּךָ וּבָרֵךְ אֶת-נַחֲלָתֶךָ וּרְעֵם וְנַשְּׂאֵם עַד-הָעוֹלָם» (תהלים כח, ט).ש
«Sauve ton peuple et bénis ton héritage: conduis-les comme un berger et soutiens-les jusque dans l’éternité». (Psaume 28: 9)
[1] Parashat Massei, Nombres 33: 1- 36: 13
[2] Le mot «BeTaMaR», extrait du Cant des Cant. 7: 9 renvoie à la date hébraïque /תרמ”ב1882, date à laquelle les Yéménites montent en Israël.
Si l’étude du TaNaKh vous fait rêver, n’hésitez pas à me joindre:
Au plaisir de vous retrouver,
Shabbat shalom!
Avec toutes mes amitiés,
Haïm Ouizemann