Après la lecture de la Parashat Nasso[1] de ce shabbat, l’ensemble du peuple juif se réunira afin de fêter Shavouot, la fête du Don de la Tora donnée à Moïse au mont Sinaï.
Quel peut être le sens de ce jour unique où Israël revit la singulière et suprême expérience spirituelle de la théophanie? Pourquoi la lecture des Dix Paroles est-elle également accompagnée de celle de Ruth, la Moabite qui, convertie au Judaïsme, témoigne du message universel inscrit au cœur même du TaNaKh?
Ruth la Moabite, aspirant de tout cœur à adopter la religion de sa belle-mère Naomi, lui prête serment:
«כִּי אֶל-אֲשֶׁר תֵּלְכִי אֵלֵךְ, וּבַאֲשֶׁר תָּלִינִי אָלִין–עַמֵּךְ עַמִּי, וֵאלֹהַיִךְ אֱלֹהָי. בַּאֲשֶׁר תָּמוּתִי אָמוּת וְשָׁם אֶקָּבֵר כֹּה יַעֲשֶׂה יְהוָה לִי וְכֹה יוֹסִיף כִּי הַמָּוֶת יַפְרִיד בֵּינִי וּבֵינֵךְ.» (רות, א, טז, יז).ש
«…partout où tu iras, j’irai; où tu demeureras, je veux demeurer; ton peuple sera mon peuple et ton Dieu sera mon Dieu; Là où tu mourras, je veux mourir aussi et y être enterrée. Que l’Eternel m’en fasse autant et plus, si jamais je me sépare de toi autrement que par la mort!» (Ruth 1: 16-17).
Quel rapport pouvons-nous établir entre le serment de Ruth la Moabite et celui de ‘Hanna, femme d’Elkana, de la tribu des Lévi (I Chroniques 6: 8-23), qui deviendra la mère de Samuel, juge et prophète en Israël? ‘Hanna émet le vœu d’offrir son fils Samuel, Nazir, à l’Eternel:
ש«וַתִּדֹּר נֶדֶר וַתֹּאמַר יְהוָה צְבָאוֹת אִם-רָאֹה תִרְאֶה בָּעֳנִי אֲמָתֶךָ וּזְכַרְתַּנִי וְלֹא-תִשְׁכַּח אֶת-אֲמָתֶךָ וְנָתַתָּה לַאֲמָתְךָ זֶרַע אֲנָשִׁים וּנְתַתִּיו לַיהוָה כָּל-יְמֵי חַיָּיו וּמוֹרָה לֹא-יַעֲלֶה עַל-רֹאשׁוֹ»ש
«Puis elle prononça ce vœu: “Eternel-TSeVaot! Si tu daignes considérer l’affliction de ta servante, te souvenir d’elle et ne point l’oublier; si tu donnes à ta servante un enfant mâle, je le vouerai au Seigneur pour toute sa vie, et le rasoir ne touchera point sa tête.» (I Sam. 1: 11; cf. aussi Nombres 6: 2-12):
Un double dénominateur commun caractérise ces deux sources: d’une part, les deux futures mères renoncent à élever l’enfant à naître et de l’autre, la mention du Nom divin: le Tétragramme,יְהוָה . Alors que Hanna promet de consacrer son fils Samuel à l’Eternel, Ruth, véritable «mère-porteuse» par le yboum (Lévirat), renonce à son premier-né Oved en faveur de Naomi, devenue stérile, non seulement par l’âge, mais aussi par un dramatique concours de circonstances, car elle est revenue à Bethleem, veuve de son mari et de ses deux fils, eux-mêmes décédés sans enfants:
ש«וַתִּקְרֶאנָה לוֹ הַשְּׁכֵנוֹת שֵׁם לֵאמֹר יֻלַּד-בֵּן לְנָעֳמִי וַתִּקְרֶאנָה שְׁמוֹ עוֹבֵד הוּא אֲבִי-יִשַׁי אֲבִי דָוִד» (רות ד, יז; ראה גם רות ד, יב). ש
«Et les voisines désignèrent l’enfant en disant: “Un fils est né à Noémi.” Et elles l’appelèrent Oved. Celui-ci devint le père de Jessé, père de David.» (Ruth 4: 17. Cf aussi 4: 12)
Samuel oindra David, le roi d’Israël d’où sera issu le Messie qui glorifiera le Nom de l”Eternel.
La fête de la Pentecôte, Shavouoth dont la racine verbale Sh. V. ‘/ ש. ב. ע.renvoie au substantif SheVouoTh signifiant «serments» et enjoint Israël ainsi que les Nations à suivre l’exemple de ‘Hanna et de Ruth.
ש«אֶת-יְהוָה אֱלֹהֶיךָ תִּירָא וְאֹתוֹ תַעֲבֹד וּבִשְׁמוֹ תִּשָּׁבֵעַ.» (דברים ו, יג).ש
«C’est l’Éternel, ton Dieu, que tu dois adorer, c’est lui que tu dois servir, c’est par son nom que tu dois prêter serment» (Deut. 6: 13).
Israël a donc pour vocation d’adhérer à la première injonction mentionnée sur les Tables de l’Alliance. Le Nom de l’Eternel rappelle qu’Il est la Source unique de notre liberté:
ש«אָנֹכִי יְהוָה אֱלֹהֶיךָ אֲשֶׁר הוֹצֵאתִיךָ מֵאֶרֶץ מִצְרַיִם מִבֵּית עֲבָדִים: לֹא-יִהְיֶה לְךָ אֱלֹהִים אֲחֵרִים, עַל-פָּנָי» (שמות כ, ב).ש
«Je suis l’Éternel, ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, d’une maison d’esclavage. “Tu n’auras point d’autre dieu que moi.» (Exode 20: 2)
[1] Parashat Nasso Nombres 4: 21- 7: 89/ Shavouot: Exode 19: 1-20:22 (Dix Paroles)
Si l’étude du TaNaKh vous fait rêver, n’hésitez pas à me joindre:
Au plaisir de vous retrouver,
Shabbat shalom!
Avec toutes mes amitiés,
Haïm Ouizemann