L'hébreu biblique
Le blog de Haïm Ouizemann

Parashat Quedoshim: “Sanctification et Tikkoun HaOlam”

וַיִּקְחוּ בְנֵי-אַהֲרֹן נָדָב וַאֲבִיהוּא אִישׁ מַחְתָּתוֹ וַיִּ

Les premiers versets de la parasha Quedoshim[1] expriment l’idéal suprême d’une vie totalement consacrée à la sainteté!

ש«קְדֹשִׁים תִּהְיוּ: כִּי קָדוֹשׁ, אֲנִי יְהוָה אֱלֹהֵיכֶם» (ויקרא יט, ב).ש

«Soyez saints! Car je suis saint, moi l’Éternel, votre Dieu.» (Lévitique 19: 2)

C’est lors du don de la Tora au mont Sinaï qu’apparaît cet idéal de sanctification d’Israël:

ש«וְאַתֶּם תִּהְיוּ-לִי מַמְלֶכֶת כֹּהֲנִים, וְגוֹי קָדוֹשׁ» (שמות יט, ו).ש

«…mais vous, vous serez pour moi une dynastie de prêtres et une nation sainte…» (Exode 19: 6)

Cette sainteté  relève-t-elle de l’ordre individuel ou de l’ordre collectif? Comment accéder à cette sainteté? Dans le silence d’une retraite spirituelle loin du vacarme des hommes ou au contraire, parmi les hommes?

L’origine de l’injonction divine visant à marcher sur les voies de l’Eternel («imitatio dei», Deut. 8: 6; 28: 9) se fonde initialement dans l’élection d’Avraham, premier Patriarche d’Israël par lequel sont bénies toutes les familles de la terre:

ש«כִּי יְדַעְתִּיו לְמַעַן אֲשֶׁר יְצַוֶּה אֶת-בָּנָיו וְאֶת-בֵּיתוֹ אַחֲרָיו וְשָׁמְרוּ דֶּרֶךְ יְהוָה לַעֲשׂוֹת צְדָקָה וּמִשְׁפָּט לְמַעַן הָבִיא יְהוָה עַל-אַבְרָהָם אֵת אֲשֶׁר-דִּבֶּר עָלָיו» (בראשית יח, יט).ש

«Si je l’ai distingué, c’est pour qu’il prescrive à ses fils et à sa maison après lui d’observer la voie de l’Éternel, en pratiquant la justice et le droit; afin que l’Éternel accomplisse sur Abraham ce qu’il a déclaré à son égard.» (Gen. 18: 19)

Il incombe à Avraham de transmettre à ses enfants la voie de sainteté se caractérisant par la fervente et rigoureuse pratique de la Justice visant à éradiquer toute forme d’iniquité parmi les hommes. Un homme, aussi noble d’esprit qu’il soit, ne saurait seul atteindre l’accomplissement d’une telle mission. C’est la raison pour laquelle les principales sources relatives à la sainteté (Quedousha) mettent l’accent sur la dimension collective de la voie conduisant à la sanctification.

En ces jours de deuil où Israël commémore le Yom HaShoa et le Yom HaZikaron, se pose la question de la place des Nations vis-à-vis d’Israël. Où furent ces Nations qui, si l’on excepte une poignée d’hommes courageux, gardèrent le silence lors de la destruction massive des communautés juives en Europe? Nations du monde! Où étiez-vous lorsque des hommes, des femmes et des enfants furent, dans l’indifférence totale, humiliés, déportés et menés au four crématoire en raison de leur appartenance au peuple d’Israël? Pourquoi ces mêmes nations restèrent-elles indifférentes aux les mesures discriminatoires du régime nazi à l’encontre des Juifs? Où sont-elles encore aujourd’hui au moment même où les vieux démons d’un antisémitisme que l’on croyait révolu ressurgissent au cœur même de l’Unesco et du Conseil des Droits de l’Homme à Genève?

Avraham, le Patriarche d’Israël, prodigue une leçon magistrale d’humanité à la plupart de ces Nations frappées de cécité historique et morale:

ש«כג וַיִּגַּשׁ אַבְרָהָם וַיֹּאמַר הַאַף תִּסְפֶּה צַדִּיק עִם-רָשָׁע. כד אוּלַי יֵשׁ חֲמִשִּׁים צַדִּיקִם בְּתוֹךְ הָעִיר הַאַף תִּסְפֶּה וְלֹא-תִשָּׂא לַמָּקוֹם לְמַעַן חֲמִשִּׁים הַצַּדִּיקִם אֲשֶׁר בְּקִרְבָּהּ. כה חָלִלָה לְּךָ מֵעֲשֹׂת כַּדָּבָר הַזֶּה לְהָמִית צַדִּיק עִם-רָשָׁע וְהָיָה כַצַּדִּיק, כָּרָשָׁע חָלִלָה לָּךְ הֲשֹׁפֵט כָּל-הָאָרֶץ לֹא יַעֲשֶׂה מִשְׁפָּט» (בראשית יח, כג-כה).ש

«Abraham s’avança et dit: “Anéantirais-tu, d’un même coup, l’innocent avec le coupable? 24 Peut-être y a-t-il cinquante justes dans cette ville: les feras-tu périr aussi et ne pardonneras-tu pas à la contrée en faveur des cinquante justes qui s’y trouvent?25 Loin de toi d’agir ainsi, de frapper l’innocent avec le coupable, les traitant tous deux de même façon! Loin de toi! Celui qui juge toute la terre serait-il un juge inique?» (Gen. 18: 23-25)

Avraham, élu pour enseigner la justice aux générations futures, se retourne vers l’Eternel en Lui rappelant que la sanctification du nom divin associé à l’Alliance d’Israël se fonde essentiellement sur la sauvegarde de l’innocent et du juste. L’Eternel, le Créateur du  monde, n’est-il donc point capable de distinguer les hommes, Ses propres créatures, en les jugeant équitablement selon leurs œuvres et  leurs actions? Il semble qu’Avraham, en questionnant l’Eternel au moment de détruire le juste avec l’impie à Sodome et Gomorrhe, s’efforce sincèrement de sauver le Tselem Enosh- l’image humaine – et, par son attitude responsable à l’égard d’autrui, répond ainsi à l’appel de sa vocation, celle de préparer la constitution d’une nation sainte appelée Israël. Abraham, en s’obstinant à interroger l’Eternel, devient le porte-parole de la conscience humaine et par là-même, la source de bénédictions pour toutes les Familles de la terre. La véritable interrogation n’est plus: «Où est l’Eternel devant la barbarie humaine» mais  «où est l’homme devant la barbarie qu’il est capable d’engendrer?»  Pourquoi Israël, le peuple de la Justice et du Droit qui, par le biais de sa Tora, appelle l’Humanité à remplir son devoir moral de Justice, doit-il sans cesse subir le poids d’accusations mensongères!?

Point de sainteté sans exigence de justice et de miséricorde! L’éternité d’Israël réside en sa quête incessante de sainteté, de justice, d’équité, de Tikkoun Haolam (Réparation du Monde) dans le dessein suprême d’instaurer un monde meilleur.

«ובִמְקוֹם שֶׁאֵין אֲנָשִׁים הִשְׁתַּדֵּל לִהְיוֹת אִישׁ»

«Et là où il n’y a point d’hommes (d’humanité), efforce- toi d’être un homme! » (Maximes  des Pères 2: 5)

[1] Parashat Quedoshim, Lévitique 19: 1- 20: 27

Je vous invite à rejoindre le projet biblique:« Questions sur la Parashat HaShavoua» et à nous faire part de votre interprétation.
Questions sur la Parashat Quedoshim:

Ce projet a pour dessein de mieux faire connaitre la source biblique. Des questions bibliques sont proposées. Vos réponses sont les bienvenues.

Si l’étude du TaNaKh vous fait rêver, n’hésitez pas à me joindre:

[email protected]

Au plaisir de vous retrouver,

Shabbat shalom!

Avec toutes mes amitiés,

Haïm Ouizemann

Partager sur email
Partager sur whatsapp
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur print
Souscription au Blog par Email

Entrez votre adresse mail pour suivre ce blog et être notifié par email des nouvelles publications.
Rejoignez les 776 autres abonnés

Une réponse

  1. SAINT vient du latin sanctus: rendu inviolable!!
    Un lieu sacré est inviolable. Autrefois même un assassin reconnu comme tel, pouvait se réfugier dans une église, lieu sacré donc inviolable par les humains.
    Dans l’église catholique un saint n’est pas un humain parfait, qui pourrait alors se prétendre Dieu, non, un saint est celui qui connait ses faiblesses et sait y faire face, les dominer, en cela il est proche de Dieu, assis à la droite du Père.

    L’Europe des Nations Unies a reconnu l’état d’Israël Indépendant et Souverain en 1948, non pour s’amuser, non pour faire plaisir à un copain juif, NON!!! En reconnaissance des persécutions insensées faîtes aux Juifs, au nom de ???? (si quelqu’un sait qu’il me le dise, j’ai beau cherché encore et encore je n’arrive pas à trouver la réelle origine de l’antisémitisme).
    Israël, le pays Israël; les juifs, le judaïsme la religion; sont saints, inviolables!! Le pays, le peuple a une histoire, une existence, une réalité que personne ne peut mettre en doute.

    En conservant leur lien très étroit avec Dieu, ce peuple avance avec Dieu, assis à la droite du Père, sanctifié au cours des siècles de persécutions.
    En respectant l’acte de reconnaissance de cet état, signé en 1948, donc en reconnaissant sans discussion Israël, Jérusalem sa capitale. En faisant respecter, en garantissant le respect souverain de cet état au fil des siècles, nous payons notre dette aux juifs et nous nous sanctifiant.

    En fermant les yeux comme en 1935, en nous taisant comme en 1935, en laissant faire comme en 1935, en refusant la souveraineté d’ Israël nous refusons les Juifs, nous laissons monter à nouveau l’antisémitisme, nous trompons la parole donnée, nous allons vers notre perte… comme en 1935.
    NOUS, Européens, NOUS, Chrétiens: avons un devoir sacré, inviolable envers Israël, envers les Juifs. C’est TOUS ENSEMBLE QUE NOUS DEVONS ÊTRE DEBOUT AVEC ISRAËL.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Quelques mots sur moi

J’ai plus de 30 ans d’expérience dans l’étude et l’enseignement de la Bible. Il n’y a pas de limite à ce que la Bible prodigue comme connaissance et inspiration pour la vie.
A propos…

Souscription au Blog par Email

Entrez votre adresse mail pour suivre ce blog et être notifié par email des nouvelles publications.
Rejoignez les 776 autres abonnés

Archives