L'hébreu biblique
Le blog de Haïm Ouizemann

Parashat Shabbat Hol HaMoëd Pessah,  Moïse ou l’Alliance renouvelée

וַיִּקְחוּ בְנֵי-אַהֲרֹן נָדָב וַאֲבִיהוּא אִישׁ מַחְתָּתוֹ וַיִּ

Les Dix Commandements Cecil B. DeMille, ( 1956),,Charlton Heston, Moïse .
Les Dix Commandements Cecil B. DeMille, ( 1956),,Charlton Heston, Moïse .

Pourquoi ce passage de la Thora[1] survenant après la faute du veau d’or est-il lu le Shabbat de Hol HaMoëd Pessah? Pourquoi vouloir, en ce temps de joie rédemptrice où tout le peuple d’Israël commémore la Sortie d’Egypte, rappeler la brisure du lien entre l’Eternel et le peuple d’Israël?

L’échange de propos entre Moïse et l’Eternel est à même de répondre à cette interrogation:

ש«וַיֹּאמֶר מֹשֶׁה אֶל-יְהוָה, רְאֵה אַתָּה אֹמֵר אֵלַי הַעַל אֶת-הָעָם הַזֶּה» (שמות לג: יב).ש

«Moïse dit au Seigneur: “Considère que tu me dis: ‘Fais monter ce peuple’…» (Exode 33: 12)

A ces mots de l’Eternel, reportant la paternité du peuple sur Moïse, le prophète ose rétorquer:

ש«וּרְאֵה כִּי עַמְּךָ הַגּוֹי הַזֶּה» (שמות לג: יג; ראה טז)ש

«Songe aussi que c’est ton peuple, cette nation!» (Exode 33: 13; cf. 16).

Moïse tient à rappeler à l’Eternel que Lui seul est le père du peuple hébreu. En effet, l’Eternel décide d’envoyer un ange pour conduire le peuple hébreu:

ש «וְשָׁלַחְתִּי לְפָנֶיךָ מַלְאָךְ וְגֵרַשְׁתִּי אֶת-הַכְּנַעֲנִי הָאֱמֹרִי וְהַחִתִּי וְהַפְּרִזִּי הַחִוִּי וְהַיְבוּסִי» (שמות לג: ב).ש

«J’enverrai devant toi un ange, par lequel j’expulserai le Cananéen, l’Amorréen, le Héthéen, le Phérézéen, le Hévéen et le Jébuséen.» (Exode 33: 2).

Or, il va s’élever contre l’Eternel, revendiquant de lui qu’il reprenne la pleine responsabilité du peuple hébreu:

ש«לָמָה יְהוָה יֶחֱרֶה אַפְּךָ בְּעַמֶּךָ אֲשֶׁר הוֹצֵאתָ מֵאֶרֶץ מִצְרַיִם בְּכֹחַ גָּדוֹל וּבְיָד חֲזָקָה» (שמות לב: יא).ש

«Mais Moïse implora l’Éternel son Dieu, en disant: “Pourquoi, Seigneur, ton courroux menace-t-il ton peuple, que tu as tiré du pays d’Égypte avec une si grande force et d’une main si puissante?» (Ex. 32: 11)

Moise, refusant catégoriquement la proposition de l’Eternel de recréer un nouveau peuple à partir de lui-même (Ex. 32: 10), en lieu et place d’Abraham, rappelle à l’Eternel que la légitimité de sa propre vocation prophétique ne peut se fonder que sur les premières Paroles qu’il a reçues lors de leur rencontre historique au buisson ardent:

ש«וַיֹּאמֶר יְהוָה, רָאֹה רָאִיתִי אֶת-עֳנִי עַמִּי אֲשֶׁר בְּמִצְרָיִם» (שמות ג: ז).ש

«L’Éternel poursuivit: “J’ai vu, j’ai vu l’humiliation de mon peuple qui est en Égypte» (Exode 3: 7).

L’Eternel n’a-t-il point répété à plusieurs reprises par la bouche de Moïse:

ש«שַׁלַּח אֶת-עַמִּי וְיַעַבְדֻנִי» (שמות ט: א; יג).ש

«Renvoie mon peuple pour qu’ils me rendent un culte». (Exode 9: 1; 13)

Effectivement, devant la détermination de l’Eternel de déléguer la conduite de son peuple après le veau d’or, Moïse ne renonce aucunement à renouer les liens de l’Alliance entre l’Eternel et son peuple Israël, jusqu’à obtenir le plein consentement de l’Eternel:

ש«וּבַמֶּה יִוָּדַע אֵפוֹא כִּי-מָצָאתִי חֵן בְּעֵינֶיךָ אֲנִי וְעַמֶּךָ הֲלוֹא בְּלֶכְתְּךָ עִמָּנוּ וְנִפְלִינוּ אֲנִי וְעַמְּךָ מִכָּל-הָעָם אֲשֶׁר עַל-פְּנֵי הָאֲדָמָה. וַיֹּאמֶר יְהוָה אֶל-מֹשֶׁה גַּם אֶת-הַדָּבָר הַזֶּה אֲשֶׁר דִּבַּרְתָּ אֶעֱשֶׂה: כִּי-מָצָאתָ חֵן בְּעֵינַי וָאֵדָעֲךָ בְּשֵׁם» (שמות לג: טז-יז).ש

«Et comment serait-il avéré que j’ai obtenu ta bienveillance, moi ainsi que ton peuple, sinon parce que tu marches avec nous? Nous serons ainsi distingués, moi et ton peuple, de tous les peuples qui sont sur la face de la terre.” L’Éternel dit à Moïse: “Cette chose-là même, que tu as demandée, je l’accorde, parce que tu as trouvé faveur à mes yeux et que je t’ai spécialement distingué.» (Exode 33, 16-17).

Le verbe וָאֵדָעֲךָ en hébreu, employé par l’Eternel à propos de Moïse, rappelle la vocation d’Abraham:

ש«כִּי יְדַעְתִּיו לְמַעַן אֲשֶׁר יְצַוֶּה אֶת-בָּנָיו וְאֶת-בֵּיתוֹ אַחֲרָיו וְשָׁמְרוּ דֶּרֶךְ יְהוָה לַעֲשׂוֹת צְדָקָה וּמִשְׁפָּט לְמַעַן הָבִיא יְהוָה עַל-אַבְרָהָם אֵת אֲשֶׁר-דִּבֶּר, עָלָיו» (בראשית יח: יט).ש

«Si je l’ai distingué, c’est pour qu’il prescrive à ses fils et à sa maison après lui d’observer la voie de l’Éternel, en pratiquant la vertu et la justice; afin que l’Éternel accomplisse sur Abraham ce qu’il a déclaré à son égard». (Gen. 18: 19)

Or, le texte de la parasha mentionne à maintes reprises le verbe י. ד. ע.   (Y. D. ‘a) signifiant «connaître», «choisir», «élire», «distinguer» et «aimer».

Si donc l’Eternel élit Avraham non point à partir de son passé  ancestral – son père Tera’h n’était-il point païen (Josué 24: 2)?- mais à partir de sa vocation encore à accomplir – devenir source de bénédictions et de justice- l’Eternel, selon Moïse, se doit de renouveler coûte que coûte l’Alliance abrahamique avec son peuple après la brisure causée par l’édification du veau d’or, ne serait-ce que pour empêcher «les Égyptiens [de dire]: ‘C’est pour leur malheur qu’il les a emmenés, pour les faire périr dans les montagnes et les anéantir de dessus la face de la terre!» (Exode 32: 12).

Au nom de l’amour de l’Eternel envers le Patriarche Avraham, Moïse réussit à  convaincre l’Eternel (Exode 32: 13)! Refusant, ainsi, la forme singulière employée par l’Eternel- «וַהֲנִחֹתִי לָךְ – je te guiderai» vers Erets Canaan – toi seul et non le peuple- (Exode 33: 14), Moïse adopte la forme plurielle en mettant en exergue le peuple d’Israël:

ש«וַיֹּאמֶר אֵלָיו אִם-אֵין פָּנֶיךָ הֹלְכִים אַל-תַּעֲלֵנוּ מִזֶּה» (שמות לג: טו).ש

«Moïse lui dit: “Si ta face ne nous guide, ne nous fais pas sortir d’ici». (Ex. 33: 15)

ש«וַיֹּאמֶר יְהוָה אֶל-מֹשֶׁה גַּם אֶת-הַדָּבָר הַזֶּה אֲשֶׁר דִּבַּרְתָּ אֶעֱשֶׂה כִּי-מָצָאתָ חֵן בְּעֵינַי וָאֵדָעֲךָ בְּשֵׁם» (שמות לג: יז).ש

«L’Éternel dit à Moïse: “Cette chose-là même, que tu as demandée, je l’accorde, parce que tu as trouvé faveur à mes yeux et que je t’ai spécialement distingué» (Exode 33: 17)

L’Eternel est disposé à renouveler sa confiance et son Alliance à son peuple (Exode 34: 10) sur la base du programme que ce dernier aura à accomplir:

Israël détruira, dès son entrée en Erets Israël, les temples et objets de culte païens, respectera les trois fêtes de Pèlerinage (Pessah, Shavouot et Soukkot), le Shabbat, apportera les prémices des fruits d’Israël au Temple et ne consommera point la chair du chevreau avec le lait de sa mère.

La lecture de cette parasha en ce Shabbat de Hol HaMoed Pessah constitue donc le signe de notre fidélité à l’Eternel et nous témoignons, nous Juifs d’Israël et de  Diaspora, de l’accomplissement en cours du programme religieux et social pour lequel l’Eternel renouvela son Alliance.

[1] Shemot 33: 12- 34: 26

Si l’étude du TaNaKh vous fait rêver, n’hésitez pas à me joindre:

[email protected]

Au plaisir de vous retrouver,

Shabbat shalom!

,Avec toutes mes amitiés

Haïm Ouizemann

 

 

 

 

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Une réponse

  1. Bonne fête de Pessa’h à chacun.

    le peuple s’identifie au travers d’un ensemble de coutumes, traditions et lois qu’il se choisit et qu’il reconnaît comme siennes, comme lui appartenant.
    Moïse qui est un Chef, capable de rassembler les hébreux, capables d’organiser la structure de la future nation, se remet et remet le commandement suprême à Dieu.

    Que ces fêtes de pessa’h chez les juifs et de Pâques chez les chrétiens nous rappellent que Dieu est le chemin de la Vie, de la Liberté!

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J’ai plus de 30 ans d’expérience dans l’étude et l’enseignement de la Bible. Il n’y a pas de limite à ce que la Bible prodigue comme connaissance et inspiration pour la vie.
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