En ce shabbat de Pessah commémorant la Sortie d’Egypte et la fin de l’esclavage[1], tout Israël se réunit autour du repas du Seder, au cours duquel on lit la Haggadah (relatant l’histoire de la sortie d’Egypte) et l’on consomme la Matsah, pain dénué de toute trace de levain.
Pourquoi manger la Matsah pendant les sept jours de la fête du printemps, quand elle constitue le centre du repas du premier soir de Pessah?
ש«לֹא-תֹאכַל עָלָיו חָמֵץ שִׁבְעַת יָמִים תֹּאכַל-עָלָיו מַצּוֹת לֶחֶם עֹנִי כִּי בְחִפָּזוֹן יָצָאתָ מֵאֶרֶץ מִצְרַיִם לְמַעַן תִּזְכֹּר אֶת-יוֹם צֵאתְךָ מֵאֶרֶץ מִצְרַיִם כֹּל יְמֵי חַיֶּיךָ» (דברים טז, ג).ש
«Tu ne dois pas manger de pain levé avec ce sacrifice; durant sept jours tu mangeras en outre des azymes, pain de misère, car c’est avec précipitation que tu as quitté le pays d’Egypte, et il faut que tu te souviennes, tous les jours de ta vie, du jour où tu as quitté le pays d’Egypte.» (Deut. 16: 3)
La Matsah rappelle le pain de misère ( לֶחֶם עֹנִי / Le’hem Oni) consommé en Egypte, en souvenir de l’inhumaine condition de servitude et de la tyrannie de Pharaon. La Matsah exprime l’aliénation de l’homme par l’homme et la perte de toute identité. La condition d’esclave se caractérise par la négation de l’identité de l’autre par l’emprise tyrannique de la conscience de ce dernier.
Devons-nous penser qu’Israël, en consommant de cette Matsah, se confine et s’enferme dans l’histoire d’un passé marqué par l’ombre de la tyrannie pharaonique?
Le verset de l’Exode répond cette dernière interrogation:
ש«וַתֶּחֱזַק מִצְרַיִם עַל-הָעָם לְמַהֵר לְשַׁלְּחָם מִן-הָאָרֶץ כִּי אָמְרוּ כֻּלָּנוּ מֵתִים. לד וַיִּשָּׂא הָעָם אֶת-בְּצֵקוֹ טֶרֶם יֶחְמָץ מִשְׁאֲרֹתָם צְרֻרֹת בְּשִׂמְלֹתָם עַל-שִׁכְמָם» (שמות יב, לג-לד).ש
«Les Égyptiens firent violence au peuple, en se hâtant de le repousser du pays; car ils disaient: “Nous périssons tous.” 34 Et le peuple emporta sa pâte non encore levée, leurs sébiles sur l’épaule, enveloppées dans leurs manteaux». (Exode 12: 33-34)
La Matsah ne constitue donc point seulement le pain du souvenir et de la servitude mais également le pain qui, annonçant l’avènement d’un nouveau monde de Liberté, offre l’espoir de la fin absolue de toute forme de tyrannie. Les fils d’Israël, ensemble, se tiennent debout, en hommes libres. La grande Marche vers Erets Canaan commence! La Matsah possède désormais le goût de Liberté.
Ce ne sont point les constructions architecturales phénoménales ni les statues de liberté qui transformeront le monde en un monde de justice mais plutôt l’expérience de la servitude et de la liberté vécue lors de la consommation de ce modeste bout de pain, la Matsah.
Cette Marche de l’obscurité célébrée lors du soir du Seder vers la lumière s’avère inexorable. Sur les trois Matsot composant le Plat du seder, celle du milieu, brisée de manière inégale symbolise la servitude d’Israël parmi les Nations. La plus grande partie restante de cette même Matsah constitue l’Afikomen, à savoir le sacrifice de l’agneau pascal, en souvenir de la Liberté acquise.
Point d’avenir et de Liberté sans la conscience d’avoir été esclaves!
[1] Lecture de la Parasha: Exode 14, 21-51
Si l’étude du TaNaKh vous fait rêver, n’hésitez pas à me joindre:
Au plaisir de vous retrouver,
Shabbat shalom!
Avec toutes mes amitiés,
Haïm Ouizemann
5 réponses
Ne jamais oublier que la LIBERTÉ n’est jamais acquise définitivement.
Tout au long de notre vie les jougs à briser sont multiples, divers. Autrefois les Égyptiens et leur polythéisme, Aujourd’hui: médias, matérialisme, chômage, menaces extrémistes, peurs des autres….
La Liberté, se tenir debout en humain libre de sa pensée, de ses convictions, grâce à son travail, sa foi.
LIBRES, DEBOUT Bonnes fêtes de Pessa’h à chacun, à tous
merci pour ces belles paroles o combien édifiantes! c’est vrai, la liberté n’est jamais définitivement acquise: c’est un combat perpétuel! Heurreuement que El Shaddai nous rassure de Sa Présence en Emmanuel! pensées fraternelles. salimata
HAG SAMEAH ET UN GRAND SHALOM DANS LA TETE ET DANS LES COEURS POUR TOUT ISRAEL DANS LE MONDE !!!