L'hébreu biblique
Le blog de Haïm Ouizemann

Parashat Shela’h Lekha «Erets Israël, sur les traces des Patriarches»

וַיִּקְחוּ בְנֵי-אַהֲרֹן נָדָב וַאֲבִיהוּא אִישׁ מַחְתָּתוֹ וַיִּ

Monts de Samarie (© Haïm Ouizemann)
Monts de Samarie (© Haïm Ouizemann)

Pourquoi Moïse, le Prophète des Prophètes, n’a-t-il point mérité du droit d’entrer en Erets Canaan? N’a-t-il point voué sa vie en faveur d’Israël?

«גַּם-בִּי הִתְאַנַּף יְהוָה בִּגְלַלְכֶם לֵאמֹר גַּם-אַתָּה לֹא-תָבֹא שָׁם» (דברים א, לז) ש

«Contre moi aussi l’Éternel s’irrita à cause de vous, au point de dire: “Tu n’y entreras pas, toi non plus!» (Deut. 1: 37)

Il semble, au-delà des nombreuses raisons indiquées dans la source biblique (Moïse tue un Egyptien [Ex. 2, 12]; il frappe le rocher deux fois au lieu de lui parler [Nb. 20:8-12]) que celle relative à l’envoi d’explorateurs soit primordiale (Deut.  1: 22-28).

Moïse prend soin de demander aux explorateurs d’établir un rapport détaillé sur la  terre de Canaan. Ces derniers doivent s’enquérir de la situation sociale, militaire et économique prévalant dans le Pays:

ש«וּרְאִיתֶם אֶת-הָאָרֶץ מַה-הִוא; וְאֶת-הָעָם הַיֹּשֵׁב עָלֶיהָ הֶחָזָק הוּא הֲרָפֶה הַמְעַט הוּא אִם-רָב. יט וּמָה הָאָרֶץ, אֲשֶׁר-הוּא יֹשֵׁב בָּהּ הֲטוֹבָה הִוא אִם-רָעָה; וּמָה הֶעָרִים אֲשֶׁר-הוּא יוֹשֵׁב בָּהֵנָּה הַבְּמַחֲנִים אִם בְּמִבְצָרִים. כ וּמָה הָאָרֶץ הַשְּׁמֵנָה הִוא אִם-רָזָה הֲיֵשׁ-בָּהּ עֵץ אִם-אַיִן וְהִתְחַזַּקְתֶּם…» (במדבר יג, יח-כ).ש

 «Vous observerez l’aspect de ce pays et le peuple qui l’occupe, s’il est robuste ou faible, peu nombreux ou considérable;19 quant au pays qu’il habite, s’il est bon ou mauvais; comment sont les villes où il demeure, des villes ouvertes ou des places fortes; 20 quant au sol, s’il est gras ou maigre, s’il est boisé ou non». (Nombres 13: 18-20)[1]

A trois reprises, Moïse mentionne le mot «Erets, Pays [d’Israël]». Pourquoi cette répétition est-elle fondamentale? Ce terme Erets est rappelé par l’Eternel s’adressant à Abraham:

ש«וַיֹּאמֶר יְהוָה אֶל-אַבְרָם לֶךְ-לְךָ מֵאַרְצְךָ וּמִמּוֹלַדְתְּךָ וּמִבֵּית אָבִיךָ אֶל-הָאָרֶץ אֲשֶׁר אַרְאֶךָּ.» (בראשית יב, א)ש

«L’Éternel avait dit à Abram: “Éloigne-toi de ton pays, de ton lieu natal et de la maison paternelle, et va au pays que je t’indiquerai» (Gen. 12: 1)

Moïse, s’adressant aux douze princes d’Israël, rappelle la promesse de l’Eternel donnée à Avraham, le père de la Nation hébraïque:

ש«וַיֵּרָא יְהוָה אֶל-אַבְרָם וַיֹּאמֶר לְזַרְעֲךָ אֶתֵּן אֶת-הָאָרֶץ הַזֹּא וַיִּבֶן שָׁם מִזְבֵּחַ לַיהוָה הַנִּרְאֶה אֵלָי» (במדבר יב, ז).ש

«L’Éternel apparut à Abram et dit :”C’est à ta postérité que je destine ce pays.” Il bâtit en ce lieu un autel au Dieu qui lui était apparu». (Gen. 12: 7)

Alors quel peut être le reproche de l’Eternel à l’encontre de son fidèle serviteur?  Les explorateurs commencent leur périple à partir du Néguev, selon l’ordre de Moïse:

ש«וַיִּשְׁלַח אֹתָם מֹשֶׁה לָתוּר אֶת-אֶרֶץ כְּנָעַן וַיֹּאמֶר אֲלֵהֶם עֲלוּ זֶה בַּנֶּגֶב וַעֲלִיתֶם אֶת-הָהָר» (במדבר יג, יז).ש

«Moïse leur donna donc mission d’explorer le pays de Canaan, en leur disant: “Dirigez-vous de ce côté, vers le sud, et gravissez la montagne». (Nb. 13: 17)

Or, au moment de leur compte-rendu face à la communauté d’Israël, les explorateurs signalent avoir rencontré l’ensemble des ennemis d’Israël:

ש«עֲמָלֵק יוֹשֵׁב בְּאֶרֶץ הַנֶּגֶב וְהַחִתִּי וְהַיְבוּסִי וְהָאֱמֹרִי יוֹשֵׁב בָּהָר וְהַכְּנַעֲנִי יוֹשֵׁב עַל-הַיָּם» (במדבר יג, כח-כט).ש

«Amalek habite la région du midi; le Héthéen, le Jébuséen et l’Amorréen habitent la montagne, et le Cananéen occupe le littoral et la rive du Jourdain.» (Nombres 13, 28-29)

Ces derniers vont donc, sur l’ordre de Moïse, commencer leur périple par la région du Néguev et les montagnes de Juda (Nombres 13, 17). Serait-ce le bon choix? Or, les Amoréens se trouvent sur la montagne. (Deut. 1: 44)

Moïse aurait dû diriger les explorateurs sur les pas d’Avraham et de Yaacob, à savoir traverser Erets Israël non point à partir du Néguev mais à partir de She’Hem où le patriarche instaure un autel. (Gen. 12: 7)

ש«וַיַּעֲבֹר אַבְרָם בָּאָרֶץ עַד מְקוֹם שְׁכֶם עַד אֵלוֹן מוֹרֶה וְהַכְּנַעֲנִי אָז בָּאָרֶץ» (בראשית יב, ו).ש

«Abram s’avança dans le pays jusqu’au territoire de Sichem, jusqu’au Chêne de Môré; le Cananéen habitait dès lors ce pays» (Gen. 12: 6)

Josué, le successeur de Moïse (Deut. 34: 9), n’ayant point médit sur Erets Israël, entrera enfin à She’hem et y établira un autel, témoignage vivant de l’Alliance conclue avec Avraham:

ש«אָז יִבְנֶה יְהוֹשֻׁעַ מִזְבֵּחַ לַיהוָה אֱלֹהֵי יִשְׂרָאֵל בְּהַר עֵיבָל» (יהושע ח, ל).ש

«Josué bâtit alors un autel au Seigneur, Dieu d’Israël, sur le mont Héval» (Josué 8: 30)

Quant à Calev ben Yefouné, s’écartant des autres princes (Nb. 14: 24; Josué 14: 7-8), il se rendit à Hébron, la Cité des patriarches, afin d’y affirmer son attachement à Erets Israël, terre que l’Eternel promit par son Alliance aux Patriarches:

ש«וַיַּעֲלוּ בַנֶּגֶב וַיָּבֹא עַד-חֶבְרוֹן» (במדבר יג, כב).ש

«Ils [les explorateurs] s’acheminèrent du côté du midi, et lui [Calev], parvint jusqu’à Hébrôn» (Nb. 13: 22)

ש«זוּלָתִי כָּלֵב בֶּן-יְפֻנֶּה הוּא יִרְאֶנָּה וְלוֹ-אֶתֵּן אֶת-הָאָרֶץ אֲשֶׁר דָּרַךְ-בָּהּ וּלְבָנָיו יַעַן אֲשֶׁר מִלֵּא אַחֲרֵי יְהוָה» (דברים א, לו).ש

«Seul, Caleb, fils de Yefounné, le verra; ce sol qu’il a foulé, je le donnerai à lui et à ses enfants, parce qu’il est resté fidèle au Seigneur.» (Deutéronome 1: 36)

Puisse tout le peuple d’Israël faire l’Alya en Erets Israël pour y vivre sans jamais craindre ses ennemis (Deut. 1: 29-30).  La promesse du don d’Erets Israël donnée à Avraham se réalise pleinement à notre génération! N’est-ce point le plus beau présent de l’Eternel offert à peuple Israël?

ש«חֲזַק וֶאֱמָץ כִּי אַתָּה תַּנְחִיל אֶת-הָעָם הַזֶּה אֶת-הָאָרֶץ אֲשֶׁר-נִשְׁבַּעְתִּי לַאֲבוֹתָם לָתֵת לָהֶם» (יהושע א, ו).ש

«Sois ferme et vaillant! Car c’est toi qui vas mettre ce peuple en possession du pays que j’ai juré à ses ancêtres de lui donner» (Jos. 1: 6)

Répondons tous à l’appel d’Erets Israël car:

ש«טוֹבָה הָאָרֶץ מְאֹד מְאֹד» (במדבר יד, ז).ש

»Cette terre est bonne, très bonne« (Nomb. 14: 7)

[1] Parashat Shela’h Lekha: Nombres 13: 1- 15: 41

 

Si l’étude du TaNaKh vous fait rêver, n’hésitez pas à me joindre:

[email protected]

Au plaisir de vous retrouver,

Shabbat shalom!

Avec toutes mes amitiés,

Haïm Ouizemann

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2 réponses

  1. Il y a quelques temps j’ai commenté un article d’une revue populaire sur Facebook, et un internaute a répondu: “vous parlez de textes vieux d’au moins 2 000 ans qui sont périmés depuis bien longtemps, qui racontent n’importe quoi, il faut vous ouvrir au monde d’aujourd’hui”
    Réflexion qui m’a à la fois attristée et amusée.
    -Amusée parce que depuis que j’essaie de mieux comprendre ces textes fondamentaux, je suis toujours très surprise de leur “modernité”. Ces textes, qu’ils soient bibliques, hindouistes, bouddhistes, grecs s’ancrent tellement dans la réalité quotidienne humaine qu’ils n’ont pas d’age. Universels, ils sont, Universels ils resteront.
    -Attristée, parce que si nos écoles Françaises transmettaient l’Histoire de France (oui d’accord c’est barbant, la bible aussi est barbante, et le rap et Nabilla sont barbants aussi, quand aux maths..c’est pire encore) Mais bon l’enseignement de l’Histoire n’est pas là pour nous plaire.
    Il est là pour nous apprendre le respect des textes anciens, le respect des générations passées.
    Nous apprendre aussi quel chemin parcouru par nos ancêtres, donc quel chemin nous aurons à parcourir.
    Ne nous imaginons pas ni plus forts, ni plus malins que nos ancêtres.
    N’imaginons pas que nos pitoyables textes de rap sont un meilleur enseignement que les textes fondamentaux
    Moïse, ce grand homme, si important dans le récit biblique, si important dans la tradition juive n’est pas parfait, c’est un homme capable de réaliser de grands choses, capable de faire des erreurs. tout comme les humains d’aujourd’hui.

  2. Parfois, il est important de se taire, parce que en parlant on expose son ignorance. Rien n’est moderne. Tout est vieux. Ce que nous faisons nos vieux l’on fait et quelques-uns ont étaient châtiés par Dieu à Cause de leur comportement. Que ce jeune soit sage pour écouter afin de s’instruire.

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Quelques mots sur moi

J’ai plus de 30 ans d’expérience dans l’étude et l’enseignement de la Bible. Il n’y a pas de limite à ce que la Bible prodigue comme connaissance et inspiration pour la vie.
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