L'hébreu biblique
Le blog de Haïm Ouizemann

Parashat SHeLa’H LeKha,« Israël est un très très beau pays»

וַיִּקְחוּ בְנֵי-אַהֲרֹן נָדָב וַאֲבִיהוּא אִישׁ מַחְתָּתוֹ וַיִּ

Nb. 13, 23-24
Nb. 13, 23-24

La principale interrogation  suscitée par cette péricope biblique[1] réside dans l’attitude apparemment illogique des dix princes d’Israël qui, dès leur retour de Canaan,  décident de médire à son encontre:

 ש«הָאָרֶץ אֲשֶׁר עָבַרְנוּ בָהּ לָתוּר אֹתָהּ, אֶרֶץ אֹכֶלֶת יוֹשְׁבֶיהָ הִוא» (במדבר י”ג, ל”ב).ש

“Le pays que nous avons parcouru pour l’explorer est un pays qui dévore ses habitants (Nombres 13: 32)»

Comment ces propos visant à déprécier la valeur de la terre de Canaan aux yeux des Hébreux et à délégitimer leur entrée en Terre Promise peuvent-ils s’accorder avec le premier témoignage des dix explorateurs reconnaissant explicitement l’abondance de cette même terre?

ש«בָּאנוּ אֶל-הָאָרֶץ אֲשֶׁר שְׁלַחְתָּנוּ וְגַם זָבַת חָלָב וּדְבַש הִוא וְזֶה פִּרְיָהּ» (במדבר י”ג, כ”ז).ש

«Nous sommes entrés dans le pays où tu nous avais envoyés; oui, vraiment, il ruisselle de lait et de miel, et voici de ses fruits.» (Nb. 13: 27)

Effectivement, ce témoignage concorde avec le récit qui nous est rapporté:

ש«וַיָּבֹאוּ עַד-נַחַל אֶשְׁכֹּל וַיִּכְרְתוּ מִשָּׁם זְמוֹרָה וְאֶשְׁכּוֹל עֲנָבִים אֶחָד וַיִּשָּׂאֻהוּ בַמּוֹט בִּשְׁנָיִם וּמִן-הָרִמֹּנִים וּמִן-הַתְּאֵנִים» (במדבר י”ג, כ”ג-כ”ד).ש

«Arrivés à la vallée d’Echkol, ils y coupèrent un sarment avec une grappe de raisin, qu’ils portèrent à deux au moyen d’une perche, de plus, quelques grenades et quelques figues.» (Nb. 13, 23-24).

Comment la terre de Canaan peut- elle être capable à la fois de «dévorer ses habitants» et prodiguer une aussi importante bénédiction à Israël qui, dès leur entrée dans le pays que l’Eternel promit aux trois Patriarches, n’auront qu’à cueillir les fruits succulents ?

La contradiction n’est-elle point le signe d’un manque de foi en la promesse divine (Avraham: Gen. 12: 7; Isaac: Gen. 26: 3; Jacob: Gen. 28: 13 ? )

ש«בְּשָׁעָה שֶׁהָיָה אַבְרָהָם מְהַלֵּךְ בַּאֲרַם נַהֲרַיִם וּבַאֲרַם נָחוֹר רָאָה אוֹתָם אוֹכְלִים וְשׁוֹתִים וּפוֹחֲזִים,אָמַר: הַלְוַאי לֹא יְהֵא לִי חֵלֶק בָּאָרֶץ הַזֹּאת. וְכֵוָן שֶׁהִגִּיעַ לְסֻלָּמָהּ שֶׁל צוֹר רָאָה אוֹתָם עֲסוּקִים בְּנִכּוּשׁ בִּשְׁעַת הַנִּכּוּשׁ, בְּעִדּוּר בִּשְׁעַת הָעִדּוּר, אָמַר: הַלְוַאי יְהֵא חֶלְקִי בָּאָרֶץ הַזֹּאת. אָמַר לוֹ הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא: “לְזַרְעֲךָ אֶתֵּן אֶת-הָאָרֶץ הַזֹּא» (ב”ר לט,ח)ש

«Alors qu’Avraham passait à Aram Naarayim et à Aram de Na’hor, il vit des hommes y manger et y boire et s’amuser. Il se dit en son for intérieur: “Plût au Ciel qu’aucune part de ce pays ne me soit accordée [ou que mon sort ne soit pas lié à ce pays]”. Mais lorsqu’il arriva à l’Echelle de Tyr (Sud-Liban actuel; lieu surplombant la terre de Canaan), Avraham vit des hommes occupés à défricher les mauvaises herbes, à bêcher  la terre. Il se dit en son for intérieur: “Plût au Ciel que mon sort soit lié à ce pays. Alors, l’Eternel lui répondit: ” A toi, à toi je donnerai cette  terre ci!” » (Genèse Rabba 39, 8)

Les Sages d’Israël enseignent, à travers cette exégèse biblique, que le Patriarche Avraham reçoit la terre de Canaan non point lors d’une révélation mystique ou extatique mais grâce à la volonté sincère de celui-ci de pleinement s’investir physiquement en faveur de cette dernière. L’effort  physique constitue, ici, la condition, par excellence, du don de la terre. Or les explorateurs, dont la mission était d’explorer le pays, la terre de Canaan, ses produits agricoles, ont regardé de préférence ce pays sous l’angle d’un pays à conquérir militairement. Ils ont donc fait un rapport détaillé sur les habitants de la Terre de Canaan (des géants habitant des forteresses bien gardées), ce qui a évidemment conduit les Hébreux à avoir peur et à vouloir retourner en Egypte.

Le labeur collectif du  peuple d’Israël en faveur de la terre d’Israël, tel que l’ont vécu les premiers pionniers il y a plus de cent ans, témoigne de leur foi en la promesse divine du don de la terre et de leur amour pour elle. C’est au prix de cet effort qu’Israël mérite d’hériter de la terre de la promesse. En effet, ces premiers pionniers venus d’Europe de l’Est, dévoués corps et âme à Erets Israël, ouvriront la voie aux générations futures qui, effectuant leur Alya (montée), y viendront s’installer, construire leur vie et jouir pour toujours d’un héritage éternel.

Comme les deux princes Calev Ben Yephouné et Josué Bin Noun, s’élevant immédiatement contre la médisance à l’adresse d’Erets Canaan,  reconnaissons la beauté et la richesse d’Erets Israël!

ש «וַיֹּאמְרוּ אֶל-כָּל-עֲדַת בְּנֵי-יִשְׂרָאֵל לֵאמֹר הָאָרֶץ אֲשֶׁר עָבַרְנוּ בָהּ לָתוּר אֹתָהּ טוֹבָה הָאָרֶץ מְאֹד מְאֹד» (במדבר י”ד, ז’).ש

«Le pays que nous avons parcouru pour l’explorer, ce pays est très très bon.» (Nb. 14: 7)
https://www.youtube.com/watch?v=sKq5JTRMLP0

1913: Joseph Trumpeldor laboure les champs à la Ferme du Kinneret

 

2015: « Israël est un très très beau pays»

Shabbat shalom,

Si l’étude du TaNaKh vous fait rêver, n’hésitez pas à me joindre:

[email protected]

Au plaisir de vous retrouver,

Haïm Ouizemann

 

[1] Parashat SHeLa’H LeKha: Nombres 13: 1- 15: 41

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3 réponses

  1. Ah oui quel beau pays, la joie de l’atterrissage impatient qui n’en finit pas, l’étreinte des ses enfants chéris ; que déjà l’inquiétude du décollage vers le chaos occidental… et l’Espérance encore !

  2. Et la joie de dire Shabat Shalom à Haïm juste avant la prière dans sa synagogue de Ashkelon est inexprimable. Shabat Shalom à tous. Shlomo

  3. Dévorer: vient du latin “de” et “vorace” : manger avidement; se livrer avec passion.
    Au fond je dirai plutôt que c’est un pays qu’on aime avec passion. Qu’on dévore à pleine dents.
    Quand on aime avec passion le labeur aussi rude qu’il soit avance tout de même.

    Alors que les autres populations qui vivent sur cette terre, la laisse à l’état désertique, livrée à elle même, les hébreux, aujourd’hui les Israéliens .aiment tellement leur pays, cette terre, qu’ils savent la rendre prospère.

    Longue vie à l’état d’Israël!!!

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