L'hébreu biblique
Le blog de Haïm Ouizemann

Parashat VaYigash, Rencontre de Vie  

וַיִּקְחוּ בְנֵי-אַהֲרֹן נָדָב וַאֲבִיהוּא אִישׁ מַחְתָּתוֹ וַיִּ

Jérusalem, Israël – La synagogue de l’hôpital Hadassah est décorée des vitraux colorés de Chagall représentant les tribus d’Israël. Créés en 1962, ces douze vitraux magnifiques représentent les douze tribus d’Israël, s’inspirant des bénédictions de Jacob à ses fils et de Moïse aux tribus

Cet article est dédié tout particulièrement aux otages, femmes, hommes et enfants capturés par le mouvement terroriste du Hamas et aux parents attendant le retour des leurs.

La Parashat VaYigash[1] est probablement l’une des plus émouvantes péricopes du livre de la Genèse. Yoseph révèle sa véritable identité à ses frères (Genèse 45: 4) et fait savoir à son père bien-aimé, Ya’aqov (Jacob) qu’il est toujours en vie (Genèse 45: 28).

La réaction d’Israël ne se fait point attendre :

כח וַיֹּאמֶר יִשְׂרָאֵל רַב עוֹד-יוֹסֵף בְּנִי חָי אֵלְכָה וְאֶרְאֶנּוּ בְּטֶרֶם אָמוּת. (בראשית מה: כח)28 Et Israël s’éxclama: “Il suffit: mon fils Joseph vit encore! Ah! Je veux aller et le voir avant de mourir ! [Littéralement : avant que je meure]” (Genèse 45: 28)

Le verbe “אָמוּת/ AMouT/Je mourrai” réapparaît au moment où Jacob, de manière inespérée, revoit son fils Joseph, à la différence près que l’on y voit un He/ ה paragogique[2]:

ל וַיֹּאמֶר יִשְׂרָאֵל אֶל-יוֹסֵף אָמוּתָה הַפָּעַם אַחֲרֵי רְאוֹתִי אֶת-פָּנֶיךָ כִּי עוֹדְךָ חָי. (בראשית מו: ל)30 Et Israël dit à Joseph: “Je puis mourir à présent, puisque j’ai vu ta face, puisque tu vis encore!” (Genèse 46: 30)

Il existe une réelle difficulté de traduction concernant l’unique expression biblique אָמוּתָה הַפָּעַם (“amoutah hapa’am”).

Tout d’abord son sens littéral s’oppose à sa forme idiomatique. En effet, littéralement, cela signifie “Je mourrai cette fois-ci”. Idiomatiquement parlant, c’est une expression de contentement ou d’accomplissement pouvant être traduite “je désire mourir”, “j’aspire à mourir”, “je veux mourir”. L’on dénomme cette forme courante dans le TaNaKh, forme cohortative ou volitive.

Ensuite, le temps verbal de cette même expression אָמוּתָה est au futur allongé en hébreu, mais le sens implique souvent un présent ou un conditionnel en français.

Plusieurs traductions possibles sont à même de rendre la subtile nuance émotionnelle agissant au sein du Patriarche Israël :

•         “Je peux mourir cette fois-ci”

•         “Je mourrai en paix”

•         “Je suis prêt à mourir”

•         “Que je meure à présent”

•         “Je mourrai volontiers” (Traduction de Paul Jouon)

ל וַיֹּאמֶר יִשְׂרָאֵל אֶל-יוֹסֵף אָמוּתָה הַפָּעַם אַחֲרֵי רְאוֹתִי אֶת-פָּנֶיךָ כִּי עוֹדְךָ חָי.  (בראשית מו: ל)30 Et Israël dit à Joseph: “Que je meure à présent, puisque j’ai vu ta face, puisque tu vis encore!” (Genèse 46: 30)

Israël comprend, alors, que son fils préféré lui succédera. C’est la raison pour laquelle il exprime un sentiment d’accomplissement.

Mais où pouvons-nous découvrir ce sentiment d’accomplissement et de plénitude qui envahit Jacob-Israël ?

Nous découvrons ce sentiment de plénitude au moment où Jacob, après dix-sept ans auprès de son fils préféré Yosseph, sent le moment de sa mort s’approcher (Genèse 47: 31). Le verbe “prêter serment”  הִשָּׁבְעָה… וַיִּשָּׁבַע est répété deux fois. Sa racine verbale S.B[V]. Ayin/ש.ב.ע. exprime également la notion d’harmonie, de bien-être et de satiété. Israël rassasié de jours peut partir en paix rejoindre ses Pères Avraham et Its’hak.

כט וַיִּקְרְבוּ יְמֵי-יִשְׂרָאֵל לָמוּת וַיִּקְרָא לִבְנוֹ לְיוֹסֵף וַיֹּאמֶר לוֹ אִם-נָא מָצָאתִי חֵן בְּעֵינֶיךָ שִׂים-נָא יָדְךָ תַּחַת יְרֵכִי וְעָשִׂיתָ עִמָּדִי חֶסֶד וֶאֱמֶת אַל-נָא תִקְבְּרֵנִי בְּמִצְרָיִם.  ל וְשָׁכַבְתִּי עִם-אֲבֹתַי וּנְשָׂאתַנִי מִמִּצְרַיִם וּקְבַרְתַּנִי בִּקְבֻרָתָם וַיֹּאמַר אָנֹכִי אֶעֱשֶׂה כִדְבָרֶךָ. לא וַיֹּאמֶר הִשָּׁבְעָה לִי וַיִּשָּׁבַע לוֹ וַיִּשְׁתַּחוּ יִשְׂרָאֵל עַל-רֹאשׁ הַמִּטָּה. (בראשית מז: כט-לא)29 Et les jours d’Israël approchaient de la mort, il manda son fils Joseph et lui dit: “Si tu as quelque affection pour moi, mets, je te prie, ta main sous ma hanche pour attester que tu agiras envers moi avec bonté et fidélité, en ne m’ensevelissant point en Egypte. 30 Et lorsque je dormirai avec mes Pères, tu me transporteras hors de l’Égypte et tu m’enseveliras dans leur sépulcre.” Il répondit: “Je ferai selon ta parole.” 31 Et il reprit: “Jure-le-moi” et il le lui jura; et Israël s’inclina sur le chevet du lit. (Genèse 47: 29-31).

[1] Parashat VaYigash: Genèse 44: 18-47: 27.

[2] Sur la forme du cohortatif cf. Paul Jouon “Grammaire de l’Hébreu biblique” p. 338

Shabbat shalom !

Haïm Ouizemann

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J’ai plus de 30 ans d’expérience dans l’étude et l’enseignement de la Bible. Il n’y a pas de limite à ce que la Bible prodigue comme connaissance et inspiration pour la vie.
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