Cet article est dédié tout particulièrement aux otages, femmes, hommes et enfants capturés par le mouvement terroriste du Hamas et aux parents attendant le retour des leurs.
En ce huitième jour de Soukkoth[1], l’ensemble du peuple juif fête Sim’hat Tora qui sera cette année toute particulière après les massacres du 7 octobre dernier, jour de Sim’at Tora, perpétrés par le mouvement terroriste du Hamas.
Sim’hat Tora signifie “la Joie de la Tora”. Or que revêt cette expression?
La Joie de la Tora découle du fait que nous avons le mérite de pouvoir clore en une année la lecture de la Tora et de la reprendre immédiatement au livre de la Genèse (Bereshit). Autrement dit cette Joie toute spirituelle constitue l’expression du renouvellement permanent de l’étude biblique. Toute fin annonce un nouveau recommencement, de nouveaux commentaires, de nouveaux sens porteurs de Vie. En somme, l’essence de cette Joie se fonde non seulement sur une lecture biblique cyclique annuelle mais aussi et surtout sur une lecture dont nous avons le devoir de renouveler le sens. C’est précisément ce que les terroristes du Hamas ont voulu couper. Là où il n’existe plus de renouvellement règne la mort!
La Joie réside donc dans l’infinitude de l’étude biblique.
Les Sages du Talmud enseignent :
“וְאֵינוֹ דּוֹמֶה שׁוֹנֶה פִּרְקוֹ מֵאָה פְּעָמִים לְשׁוֹנֶה פִּרְקוֹ מֵאָה וְאַחַת” (תלמוד בבלי, חגיגה ט:ב)
:”Et celui qui révise son chapitre cent fois n’est pas comparable à celui qui le révise cent et une fois. (Talmud de Babylone, traité Haguiga 9, b)
Cette citation souligne l’importance de la révision et de la répétition dans l’étude de la Torah. Elle enseigne que même une seule révision supplémentaire au-delà d’un nombre rond (comme cent) peut faire une différence significative dans la compréhension et la mémorisation.
Elle apparaît dans une discussion plus large sur la valeur de l’étude et de la révision dans l’étude de la Torah et reflète l’approche talmudique de l’importance de l’effort et du travail dans l’étude qui au-delà des connaissances déjà acquises sera récompensée par la Joie. Cette maxime qui a grandement influencé la conception de l’étude dans le judaïsme à travers les générations encourage les étudiants à persévérer dans leurs études et à ne pas se contenter de ce qu’ils ont déjà appris. Elle souligne l’importance de la persévérance et de l’effort continu pour atteindre l’excellence dans tout domaine.
Cette maxime reste une source d’inspiration pour de nombreux étudiants et chercheurs, juifs et non-juifs, encourageant l’assiduité et la rigueur dans l’étude et l’apprentissage. La véritable Joie ne peut en aucune façon se limiter aux biens matériels acquis mais s’enracine dans l’étude permanente soutenue par un effort d’exigence personnelle visant à atteindre l’essence de toute chose.
Alors même que la lecture de la parashah de la Tora (péricope hebdomadaire) n’est possible que les Jours solennels de Shabbat, il s’avère que ce Jour solennel de Sim’hat Tora, la parashah “VeZot HaBeRaKhaH” peut être lue -fait exceptionnel- un jour de semaine comme cela est le cas cette année. A cela s’ajoute le fait que même les enfants qui n’ont pas encore atteint l’âge religieux de 13 ans les autorisant à monter à la lecture de la Tora sont en ce Jour de Sim’hat Tora exceptionnellement invités à participer en chœur à la lecture de cette parashah.
Cela révèle que l’étude de la Tora, dépassant la dimension du temps et les limites de l’âge, vise à intégrer sans discrimination aucune l’ensemble d’Israël. La Joie de la Tora n’est rendue possible que lorsque tous les membres d’Israël, comme ce fut le cas au mont Sinaï, participent activement à l’acceptation du don de la Tora dont l’expression ultime réside dans le renouvellement de la lecture biblique à partir de Bereshit. Ce renouvellement n’est autre que celui de l’Alliance unissant Israël à l’Eternel :
ד תּוֹרָה צִוָּה-לָנוּ מֹשֶׁה מוֹרָשָׁה קְהִלַּת יַעֲקֹב. (דברים לג: ד) | 4 “C’est pour nous qu’il dicta une doctrine à Moïse; elle restera l’héritage de la communauté de Jacob.” (Deutéronome 33: 4). |
[1] Parashat VeZot HaBrakha, Deutéronome 33: 1-34: 12.
Hag Samea’h!
Haïm Ouizemann