L'hébreu biblique
Le blog de Haïm Ouizemann

Rabbi Lord Jonathan Sacks : les quatre enfants du Seder de Pessah

וַיִּקְחוּ בְנֵי-אַהֲרֹן נָדָב וַאֲבִיהוּא אִישׁ מַחְתָּתוֹ וַיִּ

Rabbi Lord Jonathan Sacks (1948- 2020- Zatsal) nous a quitté depuis plus d’un an déjà. Toutefois ses réflexions continuent à nous accompagner. Rabbi Jonathan Sacks propose une profonde réflexion à propos des quatre enfants du Seder de Pessah.

Puissent ses paroles nous éclairer et nous guider vers la liberté et la tolérance !

Les quatre enfants

DANS UNE COQUILLE DE NOIX

La section des quatre enfants dans la Haggadah est basée sur les quatre versets différents dans la Torah qui décrivent des enfants posant des questions à leurs parents concernant l’histoire de l’Exode. Plutôt que de voir ceux-ci comme uniquement quatre exemples d’enfants posant la même question, les rabbins ont remarqué qu’il s’agissait de quatre personnalités distinctes, chacune selon les façons différentes dont les versets sont constitués, et cela a inspiré l’idée de quatre types d’enfants.

PLONGÉE EN EAUX PROFONDES

Les quatre enfants sont une petite histoire du Peuple juif. L’un interroge parce qu’il veut entendre la réponse. Un deuxième interroge parce qu’il ne veut pas entendre la réponse. Un troisième interroge parce qu’il ne comprend pas. Le quatrième ne pose aucune question parce qu’il ne comprend pas qu’il ne comprend pas. Les nôtres n’ont jamais été un peuple monolithique.

Pourtant, il y a un message d’espoir dans ce portrait de famille. Bien qu’ils ne soient pas d’accord, ils sont assis autour de la même table, racontant la même histoire. Bien qu’ils diffèrent, ils restent ensemble. Ils font partie d’une seule famille. Même le rebelle est là, même si une partie de lui ne le veut pas. Cela c’est aussi ce que nous sommes.

Le peuple juif est une famille élargie. Nous nous disputons, nous avons nos différences, il y a des fois où nous sommes profondément divisés. Pourtant nous faisons partie de la même histoire. Nous partageons les mêmes souvenirs. Dans les moments difficiles, nous pouvons compter les uns sur les autres. Nous éprouvons la douleur d’autrui. De cette multiplicité de voix il émerge quelque chose qu’aucun d’entre nous ne pourrait réaliser seul. Assis à côté de l’enfant sage, le rebelle n’est pas destiné à rester un rebelle. Assis à côté du rebelle, l’enfant sage peut partager sa sagesse plutôt que de la garder pour lui-même. Celui qui est incapable d’interroger apprendra, avec le temps, comment interroger. L’enfant plein de naïveté apprendra la complexité. L’enfant sage apprendra la simplicité.  Chacun tire sa force des autres, comme nous tirons tous notre force d’appartenir à un peuple.

Commentaire sur Les Quatre Enfants,

La Haggada de Jonathan Sacks

Pourquoi pensez-vous que les Juifs disputent ainsi beaucoup entre eux ? Est-ce une force ou une faiblesse ?

POUR ALLER PLUS LOIN DANS LA RÉFLEXION

A travers la Haggadah, plus de cent générations de Juifs ont transmis leur histoire à leurs enfants. Le mot « haggadah » signifie « relater, raconter, exposer ». Mais il vient d’une autre racine hébraïque, [a-g-d] qui signifie « lier, joindre, connecter ». En récitant la Haggadah, les Juifs donnent à leurs enfants un sentiment de connexion avec les Juifs à travers le monde et avec le peuple juif à travers le temps. Elle les relie à un passé et à un futur, à une histoire et à un destin, et fait d’eux des personnages de son drame. Toute autre nation connue de l’humanité a été unie parce que ses membres vivaient au même endroit, parlaient la même langue, faisaient partie de la même culture. Seuls les Juifs, dispersés à travers les continents, parlant des langues différentes et participant à différentes cultures, ont été liés par un récit, le Récit de Pessah, qu’ils racontent de la même manière le même soir. Plus que la Haggadah est l’histoire d’un peuple, les Juifs sont le peuple d’une histoire.

L’Histoire des Histoires,

La Haggada de Jonathan Sacks

Comment une histoire peut-elle nous relier aux Juifs à travers les générations et à travers la géographie ?

QUESTIONS DE REFLEXION A POSER A VOTRE SEDER

1.  Auquel des quatre enfants ressemblez-vous ? (vous pouvez choisir plus d’un).

2. Quel est, selon vous, le message qui ressort du fait d’avoir inclus quatre enfants différents dans la Haggada ? Quel conseil donneriez-vous à un enseignant ou à un parent qui doit enseigner à de nombreux types d’enfants différents ?

3. Pourquoi pensez-vous que les enfants constituent l’élément central d’un événement aussi important que la nuit du Seder ?

UNE HISTOIRE POUR LA NUIT DES HISTOIRES

Quand j’étais bébé, je ne parlais pas. J’étais le plus jeune de cinq enfants, j’étais donc entouré de gens qui m’adoraient et qui m’ont donné tout ce que je voulais. Tout ce que je devais faire était de faire du bruit et de pointer mon doigt sur ce que je voulais. Donc ça m’a pris beaucoup plus de temps pour apprendre à parler. Cela a inquiété mes parents, et ils m’ont emmené chez des médecins spécialistes pour s’assurer qu’il n’y avait pas de cause plus profonde derrière mon développement tardif.

Quand j’ai commencé à aller à l’école, je ne pouvais pas rester assis ni me concentrer pendant une minute. Mon esprit vagabondait et alors mon corps vagabondait aussi, et ce que je savais c’était qu’il s’ensuivrait que l’on me gronderait, ou pire, que je serais envoyé au bureau du professeur principal. Je n’ai pas essayé d’être espiègle ou grossier. Je ne pouvais tout simplement pas m’asseoir au même endroit pendant longtemps.

Quand j’étais adolescent, je me suis mis en colère. En colère contre toutes les injustices du monde, contre le peu de souci du gouvernement pour l’environnement, et en colère car l’administration de l’école n’avait pas fait assez pour que chacun se sente valorisé et inclus dans notre école. J’ai organisé toutes sortes de manifestations et un jour j’ai même conduit les élèves à faire la grève. L’école n’a pas du tout apprécié, et j’ai failli être expulsé pour cela !

Ensuite, je suis allé à l’université et j’ai pris ma passion pour faire une différence dans le monde et je l’ai canalisée dans mes études. Aujourd’hui, je suis un avocat qui représente les défavorisés et les démunis dans la société, et mon rêve est un jour de devenir juge.

Voyez-vous l’un quelconque des quatre enfants dans mon histoire ? Voyez-vous l’un d’entre eux dans votre propre histoire ?

Hag Pessah Sameah !

Traduction : Haïm Ouizemann

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J’ai plus de 30 ans d’expérience dans l’étude et l’enseignement de la Bible. Il n’y a pas de limite à ce que la Bible prodigue comme connaissance et inspiration pour la vie.
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