L'hébreu biblique
Le blog de Haïm Ouizemann

Parashat Qedoshim, Méditation sur l’indifférence des nations

וַיִּקְחוּ בְנֵי-אַהֲרֹן נָדָב וַאֲבִיהוּא אִישׁ מַחְתָּתוֹ וַיִּ

Mémorial : les Chaussures au bord du Danube – Budapest (Hongrie).

Cet article est dédié tout particulièrement aux otages, femmes, hommes et enfants capturés par le mouvement terroriste du Hamas et aux parents attendant le retour des leurs.

La parashat Qedoshim[1] pose la question de l’essence même de la sainteté. Que signifie être saint ?

La parashat Qedoshim révèle que la sainteté, loin de ne procéder que de la dimension religieuse, relève également de l’ordre social. Cette parashah, en associant des ordonnances aussi bien spirituelles que sociales, vise à nous enseigner qu’une société pérenne et stable trouve son fondement dans la justice et la double responsabilité, individuelle aussi bien que collective. Si en effet, la notion de sainteté recouvre l’idée de séparation, de retrait et de différence d’autrui -la racine du mot ” קְדֹשִׁים Qedoshim”, “Q.D.Sh/ק.ד.ש. ” signifie “séparer”- cette différenciation n’est en rien incomptable avec l’action.

Le degré de sainteté constitue, selon la Bible, le stade ultime auquel accède celui ou celle qui aura agi dans le but de réparer les manquements d’ordre social et ce, en vue d’instituer une société plus juste, plus équitable. La Torah vise à la Réparation du monde, au תִּיקוּן הָעוֹלָם Tikkoun HaOlam!

La source biblique évoque, entre autres, deux lacunes auxquelles l’Homme doit faire face, la médisance et l’indifférence d’autrui:  

טז לֹא-תֵלֵךְ רָכִיל בְּעַמֶּיךָ לֹא תַעֲמֹד עַל-דַּם רֵעֶךָ אֲנִי יְהוָה. (ויקרא יט: טז)16 Tu ne colporteras point le mal parmi les tiens [appartenant a ton peuple], tu ne seras point indifférent au sang de ton prochain : Je suis l’Éternel. (Lévitique 19 : 16).

En quoi colporter la mauvaise parole est-elle liée au fait de rester indifférent au sort d’autrui? Et pourquoi le verset se termine-t-il par la formule répétitive אֲנִי יְהוָה/Ani Adonaï, Je suis l’Eternel?

Pour répondre à la première question, il nous faut revenir aux évènements tragiques qui frappent Israël depuis les massacres du 7 octobre 2023. A compter de cette date, nous sommes témoins d’une diabolisation d’Israël provenant des campus américains, français, suisse, belge… et de nombreux média visant à délégitimer l’effort de guerre d’auto-défense déployé par l’Etat hébreu pour préserver sa population et ses intérêts face à la barbarie du mouvement terroriste du Hamas. Alors même que le monde devrait naturellement se ranger aux côtés de la victime, Israël, l’on assiste à l’effet contraire. Comment est-il possible encore au XXIe siècle d’accuser Israël de peuple génocidaire, alors même qu’Israël a traversé l’enfer de la Shoah ? La haine irrationnelle du Juif encore fortement persistante ne cesse de se déchaîner à visage découvert sans aucune honte sur les réseaux sociaux et un grand nombre de media qui, telle l’image du colporteur, sèment la médisance sur Israël comme peuple et comme pays traumatisés par le choc du 7 octobre. La parole néfaste et empoisonnée colportée par ces mouvements exprimant haut et fort leur antisionisme, nouvelle forme d’antisémitisme, a pour conséquence directe de renverser les rôles. Israël, victime des massacres, est considéré comme le “bourreau” face aux terroristes du Hamas et d’une population qui, acquise aux thèses mortifères de ce dernier, serait l’incarnation de la misère du monde. La souffrance extrême d’Israël, encore une fois, n’est jamais véritablement prise en compte.

“לֹא תַעֲמֹד עַל-דַּם רֵעֶךָ (ויקרא יט: טז):לִרְאוֹת בְּמִיתָתוֹ וְאַתָּה יָכוֹל לְהַצִּילוֹ, כְּגוֹן: טוֹבֵעַ בַּנָּהָר, וְחַיָּה, אוֹ לִסְטִים בָּאִים עָלָיו.” (רש”י על הפסוק ויקרא יט: טז)

“Tu ne te tiendras pas sur le sang de ton prochain (Lévitique 19: 16). En le regardant mourir, alors que tu peux le sauver, comme dans le cas d’un homme sur le point de se noyer dans une rivière, encore vivant, ou qui est attaqué par des brigands.” (Rashi sur le verset Lévitique 19: 16)

Caïn en assassinant son frère Abel (הֶבֶל HeVeL) demeure totalement impassible à la mort de ce dernier :

ט וַיֹּאמֶר יְהוָה אֶל-קַיִן אֵי הֶבֶל אָחִיךָ וַיֹּאמֶר לֹא יָדַעְתִּי הֲשֹׁמֵר אָחִי אָנֹכִי. (בראשית ד: ט)9 Et l’Éternel dit à Caïn: “Où est Abel ton frère?” Il répondit: “Je ne sais; suis-je le gardien de mon frère?” (Genèse 4 : 9).

Le célèbre écrivain Elie Wiesel, survivant de la Shoah et prix Nobel de la Paix (1986), s’exprime sur la notion de silence et l’inaction des nations :

“J’ai juré de ne jamais garder le silence à chaque fois et partout où les êtres humains subissent souffrance et humiliation. Nous devons prendre parti. La neutralité aide l’oppresseur, jamais la victime. Le silence encourage le persécuteur, jamais le tourmenté.”

Quelles conclusions les Nations ont-elles tiré de la Shoah?! Israël a le devoir de briser ce silence qui, telle une chappe de plomb, sied à ses nombreux ennemis.

Il nous faut nous souvenir de l’inaction des Nations en Europe et aux Etats-Unis d’Amérique qui, lors de la Shoah, refusèrent d’octroyer un quelconque crédit au Télégramme de Riegner (8 août 1942) révélant l’application de la Solution finale préparée lors de la Conférence de Wannsee (20 janvier 1942), télégramme qui restera sans réponse. De même, la conférence d’Evian de 1938 s’est achevée sans conclusion, tous les états participants refusant d’ouvrir leurs portes aux Juifs fuyant le nazisme. La vie si précieuse de millions d’enfants, de femmes et d’hommes, assassinés parce que nés Juifs, aurait pu être sauvée!

Où étaient, alors, les Nations et les humanistes bien-pensants?

Quant à l’expression récurrente “אֲנִי יְהוָה/Ani Adonaï, Je suis l’Eternel”, celle-ci nous renvoie à la Première Parole inscrite sur la première Table de l’Alliance au mont Sinaï :

ב אָנֹכִי יְהוָה אֱלֹהֶיךָ אֲשֶׁר הוֹצֵאתִיךָ מֵאֶרֶץ מִצְרַיִם מִבֵּית עֲבָדִים… (שמות כ: ב)2  “Je suis l’Éternel, ton Seigneur, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, d’une maison d’esclavage… (Exode 20 : 2).

Le respect et l’empathie qu’il nous incombe de manifester à notre prochain découlent de la Révélation divine au mont Sinaï enseignant qu’aucun homme ne peut s’arroger le droit de dominer son prochain au risque de porter atteinte à l’Essence même de la Divinité.

Israël, malgré le passage étroit qu’il traverse, connaîtra de meilleurs jours car fidèle à la Parole divine, l’Eternel ne cessera jamais de le protéger de ses ennemis:

ה  לֹא-תִירָא, מִפַּחַד לָיְלָה מֵחֵץ יָעוּף יוֹמָם. ו  מִדֶּבֶר בָּאֹפֶל יַהֲלֹךְ מִקֶּטֶב יָשׁוּד צָהֳרָיִם. ז  יִפֹּל מִצִּדְּךָ אֶלֶף וּרְבָבָה מִימִינֶךָ אֵלֶיךָ לֹא יִגָּשׁ. (תהלים צא: ה-ז)5 Tu [Israël] n’auras à craindre ni les terreurs de la nuit, ni les flèches qui voltigent le jour, 6 ni la peste qui chemine dans l’ombre, ni l’épidémie qui exerce ses ravages en plein midi. 7 Qu’à tes côtés il en tombe mille, dix mille à ta droite: toi, le mal ne t’atteindra point. (Psaume 91: 5-7).

[1] Parashat Qedoshim: Lévitique 19: 1-20: 27.

Shabbat shalom!

Haïm Ouizemann

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J’ai plus de 30 ans d’expérience dans l’étude et l’enseignement de la Bible. Il n’y a pas de limite à ce que la Bible prodigue comme connaissance et inspiration pour la vie.
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