L'hébreu biblique
Le blog de Haïm Ouizemann

Parashat Ekev, Adhésion à l’Eternel

וַיִּקְחוּ בְנֵי-אַהֲרֹן נָדָב וַאֲבִיהוּא אִישׁ מַחְתָּתוֹ וַיִּ

ש «כִּי אִם-שָׁמֹר תִּשְׁמְרוּן אֶת-כָּל-הַמִּצְוָה הַזֹּאת אֲשֶׁר אָנֹכִי מְצַוֶּה אֶתְכֶם לַעֲשֹׂתָהּ לְאַהֲבָה אֶת-יְהוָה אֱלֹהֵיכֶם לָלֶכֶת בְּכָל-דְּרָכָיו וּלְדָבְקָה-בוֹ» (דברים יא, כב; ל, כ; יהושע כב, ה) .ש

«Oui, si vous observez bien toute cette loi que je vous prescris d’accomplir, aimant l’Éternel, votre Dieu, marchant toujours dans ses voies et s’attacher à lui» (Deut. 11: 22; 30: 20; Josué 22: 5)[1]

L’homme peut-il véritablement s’attacher à l’Eternel? Le zèle enthousiaste des deux fils d’Aaron, Nadav et Avihou, ne fut-il point la cause de leur perte lorsqu’ils tentèrent de toutes leurs forces de s’attacher intimement à l’Essence divine? (Nb. 3, 4)

La source biblique, explicite à cet égard, met en garde tout prétendant qui aspirerait à se détacher totalement du monde afin d’adhérer à la lumière divine:

ש«כִּי יְהוָה אֱלֹהֶיךָ אֵשׁ אֹכְלָה הוּא: אֵל קַנָּא» (דברים ד, כד).ש

«Car l’Éternel, ton Dieu, est un feu dévorant, une divinité jalouse!» (Deut. 4: 24)

Alors comment est-il possible de s’attacher à la Volonté divine comme la Parole divine nous l’enjoint?

La source biblique mentionne au moins quatre voies d’adhésion:

  • Prêter serment au Nom de l’Eternel

ש«אֶת-יְהוָה אֱלֹהֶיךָ תִּירָא אֹתוֹ תַעֲבֹד וּבוֹ תִדְבָּק וּבִשְׁמוֹ תִּשָּׁבֵעַ» (דברים י, כ)ש

«C’est l’Éternel, ton Dieu, que tu dois révérer, c’est lui que tu dois servir; attache-toi à lui seul, ne jure que par son nom» (Deut. 10: 20)

  • S’attacher aux voies de l’Eternel (Cf. Rachi Deut. 13: 5 et Sifri sur Deut. 11: 22)

ש«כִּי-תִשְׁמֹר אֶת-כָּל-הַמִּצְוָה הַזֹּאת לַעֲשֹׂתָהּ, אֲשֶׁר אָנֹכִי מְצַוְּךָ הַיּוֹם, לְאַהֲבָה אֶת-יְהוָה אֱלֹהֶיךָ וְלָלֶכֶת בִּדְרָכָיו» (דברים י”ט, ט’).ש

«…tu t’appliqueras à accomplir toute cette loi que je t’impose en ce jour, d’aimer l’Éternel, ton Dieu, et de marcher constamment dans ses voies» (Deut. 19:9)

  • S’attacher à l’enseignement des Sages d’Israël (Maïmonide 6: 3 Hilkhot Deot)

« Yossé, fils de Yoêzèr de Tsréda, disait : « Que ta maison soit un lieu de réunion pour les Sages; attache-toi à la poussière de leurs pieds, et bois leurs paroles avec grand soif. »

  • Attachement conjugal

Une voie d’attachement à l’Eternel  s’offre à l’homme, celle de la communion charnelle avec sa conjointe:

ש«עַל-כֵּן, יַעֲזָב-אִישׁ, אֶת-אָבִיו, וְאֶת-אִמּוֹ; וְדָבַק בְּאִשְׁתּוֹ, וְהָיוּ לְבָשָׂר אֶחָד.» (בראשית ב, כד).ש

«C’est pourquoi l’homme abandonne son père et sa mère; il s’attache à sa femme, et ils deviennent une seule chair.» (Gen. 2, 24).

Cette union intime ne constitue point  la fusion absolue de deux êtres mais leur communion que la source désigne par le verbe Y.D.’ (י. ד.ע) signifiant “connaître”.

ש«וְהָאָדָם יָדַע אֶת-חַוָּה אִשְׁתּוֹ וַתַּהַר וַתֵּלֶד אֶת-קַיִן וַתֹּאמֶר קָנִיתִי אִישׁ אֶת-יְהוָה.» (בראשית ד, א).ש

«Or, l’homme s’était uni à Ève, sa femme. Elle conçut et enfanta Caïn, en disant: “J’ai fait naître un homme, conjointement avec l’Éternel!» (Gen. 4, 1).

Cette unité conjugale dépasse la dimension charnelle du lien unissant le couple; elle exprime également le lien mental, psychologique et spirituel liant l’homme à la femme, la femme à l’homme. En effet, le terme BaSsaR (Chair) en hébreu dénote d’une part la proximité familiale (שְׁאֵר בְּשָׂרוֹ/ She’eR BeSsaRO: Lev. 18: 6) et d’autre part la communion intime d’esprit (אָחִינוּ בְשָׂרֵנוּ/ A’HiNOu BeSsaReNOu: Gen. 37: 27)

La chair exprime, selon la vision des prophètes d’Israël, la  transformation intérieure de l’homme disposé à s’attacher au bien et à la lumière infinie de la Source créatrice et éternelle de tous les mondes:

ש«וְנָתַתִּי לָהֶם לֵב אֶחָד וְרוּחַ חֲדָשָׁה אֶתֵּן בְּקִרְבְּכֶם וַהֲסִרֹתִי לֵב הָאֶבֶן מִבְּשָׂרָם וְנָתַתִּי לָהֶם לֵב בָּשָׂר.» (יחזקאל יא, יט; לו, כו).ש

«Et je leur donnerai un seul cœur et je mettrai parmi vous un esprit nouveau; j’ôterai le cœur de pierre de leur corps et je leur donnerai un cœur de chair» (Ezéchiel 11: 19; 36: 26).

Seul Moïse, ISh HaEloHIM, être  exceptionnel de bonté et de sainteté, choisira la voie élitiste de l’ascétisme: la chasteté absolue qu’il s’impose lui permet d’accéder au plus haut niveau spirituel, celui de l’adhésion avec l’Eternel (Ex. 33: 21). Cette expérience si intime de Moïse avec l’Eternel demeure inaccessible à  sa sœur aînée Myriam et son frère, Aaron (Nombres 12: 1-2 ).

L’attachement à l’Eternel, selon notre dernière interprétation, s’enracine, ontologiquement parlant, dans la sphère du monde matériel souvent considérée comme la plus basse des dimensions de la Création. C’est justement par l’expérience du  lien charnel que l’homme et la femme sont à même de connaître la divinité, en reconstituant leur unité primordiale. Ainsi, interprétant le verset biblique:

ש«וְאַנְשֵׁי-קֹדֶשׁ תִּהְיוּן לִי» (שמות כ”ב, ל”א).ש

« Des hommes saints vous serez pour Moi» (Exode 22: 31).

Le grand maître hassidique,  le Rabbi de Kotzk, enseigne: «Soyez pour Moi (l’Eternel) des saints, d’une sainteté empreinte d’humanité» («Or HaGanouz», Martin Buber, Edition Shoken p. 437).

[1] Parashat Ekev: Deut. 7: 12- 11: 25

Je vous invite à rejoindre le nouveau projet « Questions sur la Parashat HaShavoua et à me faire part de vos avis.

Ce projet a pour dessein de mieux faire connaitre la source biblique. Des questions bibliques sont proposées. Vos réponses sont les bienvenues. Je reste ouvert à toute idée supplémentaire qui pourrait améliorer cette nouvelle initiative.

Si l’étude du TaNaKh vous fait rêver, n’hésitez pas à me joindre:

[email protected]

Au plaisir de vous retrouver,

Haïm Ouizemann

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6 réponses

  1. Shalom Haim, Shalom à tous,

    L’Egypte est fille du Nil , dont les sources sont en terre.
    Canaan recevra l’eau du ciel.
    L’Egypte rassure par les cycles régulier et fertilisants des crues et décrues du Nil .
    En terre promise , Il ne faut pas avoir peur , il faut faire confiance , et prendre appui sur La Parole , Le Nom..
    L’etude et la transmission seront les “manoah” les points de repos .
    Le manque , le désir des hommes ,seront réorientés : d’ un besoin de sécurité matérielle vers un re-pos spirituel .

    Cordialement , Heureuse d’etre parmis vous ,
    Ann

  2. “Savez-vous planter des choux à la mode Egyptienne?
    On arose avec le pied , à la mode …”
    .
    J’imagine l’eau venant d’un canal d’irrigation .
    Les agriculteurs faisaient avec le pied un petit bassin au pied de la plante pour permettre ,à l’eau , lors de la mise en eau, de rester . ????

  3. Shalom Haim et Shalom à tous,
    Merci, une nouvelle fois pour cet excellent et profond commentaire. Et pour l’opportunité d’approfondir ensemble la parasha.

    Ce que j’aime, dans la Torah, c’est qu’il nous est demandé, comme tu le rappelles au début, un équilibre : entre le matériel et le spirituel (c’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles j’ai choisi, comme 1er prénom “Tsipora”, l’oiseau, symbole, justement, du lien entre ciel et terre, pour moi si fondamental).

    Le pain matériel et l’eau nous sont nécessaires. Mais, pour nous, tout nous vient toujours de D.ieu, par le lien et l’intimité avec Lui, la marche avec Lui. (D’ailleurs, pendant la marche dans le désert, tout venait aussi de Lui mais, d’une certaine façon, comme à l’inverse : D.ieu faisait sortir l’eau du rocher et Il donnait “un pain du ciel”…) En Eretz Israël, nous disons dans la prière “Tu fais tomber la pluie du ciel” et “Tu fais sortir le pain de la terre”…. comme s’il n’y avait pas tout le travail de l’homme pour arriver des labours au pain sur notre table, montrant magnifiquement que ce n’est pas tout notre labeur qui nous donne le pain, mais Lui. Que ce soit par notre travail, ou que ce soit de la nature elle-même, tout nous vient toujours seulement de Lui.

    Et ce que nous recevons de Lui est tellement lié avec notre Terre que, dans la bénédiction après le repas, quand nous sommes rassasiés après avoir mangé du pain, ou des céréales ou les 7 fruits de Eretz Israël, nous remercions D.ieu à la fois pour la nourriture et pour la bonne Terre d’Eretz Israël (… et…. pour Yerushalaim avec le Temple….)

  4. Comme Ann, j’ai été intriguée par le fait d’arroser avec le pied. Le commentaire de Rashi explique que les eaux du Nil montaient de temps en temps et ces crues arrosaient les champs situés en bas, près des rives. Elles remplissaient aussi de petits bassins construits le long des rives et des canaux dans lesquels on devait ensuite puiser, grâce à des instruments (récipients ? : כלי) pour arroser les champs situés plus haut. Rashi continue : en Egypte, il fallait peiner pour amener l’eau jusqu’aux champs puis arroser. Tandis que sur notre Terre, les eaux que D.ieu nous donne du ciel arrosent TOUTE notre terre, les champs qui sont en bas comme ceux qui sont en haut, et même jusqu’aux plus difficiles d’accès.”

    D’ailleurs, dans nos vies aussi : grâce à l’intimité et à l’attachement à Sa volonté, même les recoins les plus inaccessibles de notre vie, même ceux dont nous n’avons même pas connaissance, tout est arrosé par Sa ברכה (selon l’étymologie du mot ברכה que tu nous as expliquée il y a un mois, sur la parashat Bil’am : “l’homme se soumet à la Volonté de D.ieu et… il s’ouvre à l’abondance gratuite de l’Eternel-Dieu dont il devient le réceptacle (à l’image de la piscine)”.

    Merci encore pour tous ces cours et études tellement riches

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Quelques mots sur moi

J’ai plus de 30 ans d’expérience dans l’étude et l’enseignement de la Bible. Il n’y a pas de limite à ce que la Bible prodigue comme connaissance et inspiration pour la vie.
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