«Hurrah! Hurrah! We bring the jubilee» Ce[1] refrain du chant de l’Union pour la guerre civile américaine, «Marching Through Georgia» écrit par Henry Clay Work (1832- 1884) et inspiré par la campagne militaire de Savannah – «Sherman’s March to the Sea»[2] – relate la joie de l’annonce de la liberté rendue aux esclaves noirs du Sud-américain. Ce chant puise son inspiration dans le verset biblique:
י וְקִדַּשְׁתֶּם אֵת שְׁנַת הַחֲמִשִּׁים שָׁנָה, וּקְרָאתֶם דְּרוֹר בָּאָרֶץ לְכָל-יֹשְׁבֶיהָ יוֹבֵל הִוא תִּהְיֶה לָכֶם, וְשַׁבְתֶּם אִישׁ אֶל-אֲחֻזָּתוֹ וְאִישׁ אֶל-מִשְׁפַּחְתּוֹ תָּשֻׁבוּ. (ויקרא כה: י).ש |
10 Vous sanctifierez cette cinquantième année, en proclamant, dans le pays, la liberté pour tous ceux qui l’habitent: cette année sera pour vous le Jubilé, où chacun de vous rentrera dans son bien, où chacun retournera à sa famille (Lévitique 25: 10). |
Aucun homme ne saurait s’approprier la liberté d’autrui. La cinquantième année s’avère particulière en ce sens que, constituant une véritable révolution économique et sociale, cette dernière marque une nouvelle ère marquée par l’émancipation de tous les hommes. Cette libération annoncée au dixième jour du septième mois- Tishrei, autrement dit à Yom Kippour, correspond au jour où furent données les secondes Tables de l’Alliance aux Hébreux après la faute du veau d’or:
ח וְסָפַרְתָּ לְךָ שֶׁבַע שַׁבְּתֹת שָׁנִים שֶׁבַע שָׁנִים שֶׁבַע פְּעָמִים וְהָיוּ לְךָ יְמֵי שֶׁבַע שַׁבְּתֹת הַשָּׁנִים תֵּשַׁע וְאַרְבָּעִים שָׁנָה. ט וְהַעֲבַרְתָּ שׁוֹפַר תְּרוּעָה בַּחֹדֶשׁ הַשְּׁבִעִי בֶּעָשׂוֹר לַחֹדֶשׁ בְּיוֹם, הַכִּפֻּרִים תַּעֲבִירוּ שׁוֹפָר בְּכָל-אַרְצְכֶם. (ויקרא כה: ח-ט).ש |
8 Tu compteras chez toi sept années sabbatiques, sept fois sept années, de sorte que la période de ces sept années sabbatiques te fera quarante-neuf ans; 9 puis tu feras passer le retentissement du cor, dans le septième mois, le dixième jour du mois: au jour des expiations, vous ferez retentir le son du cor à travers tout votre pays (Lévitique 25: 8-9). |
Que revêt le terme « יוֹבֵל- YoVeL»?
Ce terme détient plusieurs significations. Si l’on se réfère, tout d’abord, aux livres de l’Exode (19: 13) et de Josué (6: 4-5), YoVeL signifie «corne de bélier»:
ה וְהָיָה בִּמְשֹׁךְ בְּקֶרֶן הַיּוֹבֵל בשמעכם (כְּשָׁמְעֲכֶם) אֶת-קוֹל הַשּׁוֹפָר יָרִיעוּ כָל-הָעָם תְּרוּעָה גְדוֹלָה וְנָפְלָה חוֹמַת הָעִיר תַּחְתֶּיהָ וְעָלוּ הָעָם אִישׁ נֶגְדּוֹ. (יהושע ו: ה).ש |
5 Lorsque la corne (du bélier] retentissante émettra un son prolongé, tout le peuple en entendant ce son de cor, poussera un grand cri de guerre, et la muraille de la ville croulera sur place, et chacun y entrera droit devant lui.” (Josué 6: 5) |
Un autre extrait du livre de ShéMoT [Exode] enseigne que le retentissement du ShoPHaR est celui-là même qui annonce la montée des fils d’Israël sur le mont Sinaï et le Don des Tables de l’Alliance:
יג לֹא-תִגַּע בּוֹ יָד, כִּי-סָקוֹל יִסָּקֵל אוֹ-יָרֹה יִיָּרֶה אִם-בְּהֵמָה אִם-אִישׁ לֹא יִחְיֶה בִּמְשֹׁךְ הַיֹּבֵל הֵמָּה יַעֲלוּ בָהָר. (שמות יט: יג ראה גם: שמות יט: טז).ש |
13 On ne doit pas porter la main sur lui, mais le lapider ou le percer de flèches; homme ou bête, il cesserait de vivre. Mais aux derniers sons du cor, ceux-ci monteront sur la montagne’”. (Exode 19: 13; cf. également Exode 19: 16) |
Puis:
יט וַיְהִי קוֹל הַשֹּׁפָר הוֹלֵךְ וְחָזֵק מְאֹד מֹשֶׁה יְדַבֵּר וְהָאֱלֹהִים יַעֲנֶנּוּ בְקוֹל. (שמות יט: יח).ש |
19 Le son du cor allait redoublant d’intensité; Moïse parlait et la voix divine lui répondait. (Exode 19: 18). |
L’on peut également, en nous référant à la racine verbale Y. V. L. / י.ב.ל. comprendre le terme «YoVeL» dans le sens de «renvoyer» (les esclaves à la liberté), selon l’interprétation du Rav Avraham ben Ezra, ou bien «s’éloigner» (de la servitude, rendant l’esclave libre de s’éloigner où bon lui semble et comme bon lui semble), selon celle de Na’hmanide. Le terme «יֹבֵל YoVeL» n’est d’ailleurs point sans rappeler un autre terme fort identique sur le plan sémantique, à savoir «יוּבַל YouVal» signifiant «ruisseau, rivière»:
ח וְהָיָה כְּעֵץ שָׁתוּל עַל-מַיִם וְעַל-יוּבַל יְשַׁלַּח שָׁרָשָׁיו… (ירמיהו יז: ח).ש |
8 Et il [l’homme] sera tel qu’un arbre planté au bord de l’eau et qui étend ses racines près d’une rivière… (Jérémie 17: 8) |
A la remise en liberté de tous les esclaves, l’année du Jubilé ajoute la rémission de toutes sortes de dettes (שְׁמִטַּת חוֹבוֹת Shémitat Hovot), ainsi que la restitution de toutes les terres aux anciens propriétaires (דְּרוֹר, DRoR).
Ainsi, la voix de l’Eternel, symbolisée par le cor du bélier שּׁוֹפָר, appelle l’Humanité expulsée du jardin d’Eden à y retourner dans le dessein d’y faire fructifier ses fruits. La terre (הָאָרֶץ) qui fut maudite après le premier manquement à la Parole divine de la part d’ADaM et de ‘HaVaH recouvre sa bénédiction. Le respect de l’année du Jubilé, année Shabbatique en ses diverses dimensions, sociale et économique, ouvre l’espoir d’une société régénérée de l’intérieur. Ni la terre, ni les hommes ne constituent la propriété de quiconque. La terre appartient à l’Eternel et à Lui-seul!
א רוּחַ אֲדֹנָי יְהוִה עָלָי יַעַן מָשַׁח יְהוָה אֹתִי לְבַשֵּׂר עֲנָוִים שְׁלָחַנִי לַחֲבֹשׁ לְנִשְׁבְּרֵי-לֵב לִקְרֹא לִשְׁבוּיִם דְּרוֹר וְלַאֲסוּרִים פְּקַח-קוֹחַ. (ישעיהו סא: א).ש |
1 L’esprit du Seigneur, de l’Eternel, repose sur moi, puisque l’Eternel m’a conféré la mission de porter un heureux message aux humbles; il m’a délégué pour guérir les cœurs brisés, pour annoncer la liberté aux captifs et la délivrance à ceux qui sont dans les chaînes; (Isaïe 61: 1). |
[1] Parashat BéHar: Lévitique 25:1 – 26: 2.
[2] «La marche de Sherman vers la mer».
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Shabbat shalom !
Avec toutes mes amitiés,
Haïm Ouizemann