ש«וְעַל כָּל-נַפְשֹׁת מֵת לֹא יָבֹא: לְאָבִיו וּלְאִמּוֹ לֹא יִטַּמָּא.» (ויקרא כ”א, י”א) ש
«Il (Grand Prêtre) n’approchera d’aucune âme morte/corps mort; pour son père même et pour sa mère il ne se souillera point» (Lévitique 21: 11) [1]
Ce verset nous enseigne que le strict devoir incombe au Grand Prêtre de s’écarter de la mort. Le terme נְפָשֹׁת (NeFaShoT), pluriel de NeFeSh, est généralement traduit par le substantif «âme» ou «corps».
Quelle traduction correcte devons-nous adopter?
Pourquoi la source biblique interdit-elle strictement au Grand Prêtre de pénétrer dans la sphère de la mort? Ne devrait-il point au contraire rendre hommage à l’âme du défunt en prenant part aux préparatifs de son inhumation?
Pour répondre à cette interrogation, rappelons le verset du livre de la Genèse relatant la Création merveilleuse du genre humain:
ש«וַיִּיצֶר יְהוָה אֱלֹהִים אֶת-הָאָדָם עָפָר מִן-הָאֲדָמָה וַיִּפַּח בְּאַפָּיו נִשְׁמַת חַיִּים וַיְהִי הָאָדָם לְנֶפֶשׁ חַיָּה» (בראשית ב’, ז’).ש
«L’Éternel-Dieu façonna l’homme, – poussière détachée du sol, – fit pénétrer dans ses narines un souffle de vie, et l’homme devint un être vivant [âme vivante] (Gen. 2: 7)
Selon ce verset ADaM, le premier Homme père de tous les hommes, est dénommé «NeFeSh HaYah«נֶפֶשׁ חַיָּה , «une âme vivante». Ce terme renferme en son sein deux dimensions: physique-«עָפָר מִן-הָאֲדָמָה , poussière détachée du sol»- et spirituelle- «נִשְׁמַת חַיִּים , un souffle de vie»- . La mort survient dès que l’une de ces deux dimensions vient à disparaître. La Vie est l’expression de la plénitude spirituelle et de la perfection physique qui caractérise l’être humain.
Le Cohen Gadol, destiné à n’évoluer que dans un monde de pureté, manquerait gravement à sa mission sacerdotale s’il devait tant soit peu s’approcher de la mort identifiée à l’impureté:
ש«וְגַם הַכֹּהֲנִים הַנִּגָּשִׁים אֶל-יְהוָה יִתְקַדָּשׁוּ: פֶּן-יִפְרֹץ בָּהֶם יְהוָה» (שמות י”ט, כ”ב).ש
«Que les prêtres aussi, se rapprochant du Seigneur, se purifient; autrement l’Eternel pourrait sévir parmi eux.» (Ex. 19:22 )
La racine Q. D.Sh (ק. ד. ש) à la forme verbale réflexive du Hitpael dénote un double processus spirituel et physique selon lequel le Cohen chargé de «se purifier» (cf. aussi Isaïe 66: 17; Josué 7: 13…) atteindra à la pleine et entière sanctification de son être pour l’ensemble d’Israël.
Le maintien et le respect de l’intégrité à la fois physique et morale de l’homme constituent la condition sine qua non de l’état de pureté auquel tous les prêtres du Tabernacle ou du Temple, se doivent d’atteindre pour être aptes à rendre un service parfait à l’Eternel.
La vision biblique considère l’union intime du physique au spirituel comme formant l’être humain -l’âme vivante, la «Nefeh HaYa» de l’homme. Nous pouvons donc traduire le terme נְפָשֹׁת (NeFaShoT) par «êtres humains», «personnes vivantes» (cf. également Gen. 12: 5; 36: 6).
L’expression «tous les êtres humains morts»- כָּל-נַפְשֹׁת מֵת»» (Lev. 21, 11), antithèse d’«être vivant»- «LeNefesh HaYah», ««לְנֶפֶשׁ חַיָּה, dénote la disparition du souffle divin du corps. Le Cohen en s’éloignant de la mort témoigne, par l’exemplarité de sa vie sacerdotale, qu’il demeure le gardien et le garant de l’union des contraires pour le bonheur de tous les hommes: la Vie devient synonyme d’union dans un monde où règnent la division et la mort. Les notions de pureté – refus de la division entre esprit et corps- et d’impureté – mort et division- constituent l’expression d’un état spirituel très fragile, susceptible d’être soumis aux fluctuations possibles du quotidien. C’est la raison pour laquelle le Cohen se doit d’évoluer dans une sphère totalement hermétique à l’influence de la mort, d’être au-delà de la mort. L’adhésion permanente à l’état de pureté est une exigence religieuse et morale visant à vaincre le déterminisme de la mort.
Israël, appelé à devenir une lumière et une bénédiction pour les Nations (Gen. 12: 3), se doit, en tant que «royaume de Prêtres et nation sainte» (Ex. 19: 6), d’accomplir sa mission divine sur terre en distinguant «le pur d’avec l’impur» (Lev. 11: 47) et en prônant la supériorité du principe de sainteté de la Vie sur celui de la mort. Le Dieu d’Israël est un «Dieu Vivant» (Deut 5: 22). Ainsi, Israël, en s’attachant à la Parole divine, sanctifie la Vie:
ש«וְאַתֶּם הַדְּבֵקִים בַּיהוָה אֱלֹהֵיכֶם חַיִּים כֻּלְּכֶם הַיּוֹם» (דברים ד’, ד’).ש
«Et vous qui adhérez à l’Éternel, votre Dieu, vous êtes tous vivants aujourd’hui!» (Deut. 4: 4).
[1] Parashot Emor: Lévitique 21- 24: 23
Shabbat shalom,
Si l’étude du TaNaKh vous fait rêver, n’hésitez pas à me joindre:
Au plaisir de vous retrouver,
Haïm Ouizemann
5 réponses
Merci Haïm pour cette belle étude !
à nous aussi de nous séparer de tout ce qui est vil
ainsi que de tout ce qui est vain, inutile …
Tournons nous vers ce qui donne la vie,
ce qui la favorise, ce qui la rend belle aux autres !
Que nos paroles aussi soit vie !
Shabbat Shalom !
Shabbat Shalom Haïm. Même si on ne peut s’empêcher le rapprochement avec Mt 8,22 et Lc 9,60 comment comprendre une parité dans la traduction entre âme et corps ? “NeFeSh, est généralement traduit par le substantif «âme» OU «corps.” Dans le concept trine, entre soma psukhê et pneuma, si l’on peut fonder l’espérance sur les deux derniers, quelle inanité dans le premier postulat ! D’ou l’issue de la péricope : “Mais toi, va t’en annoncer le Royaume d’Élohîms.” Ceci serait peut-être une explication, justification du désintérêt apparent du Cohen qui s’éloigne physiquement du soma pour accompagner la VIE vers le Royaume.
Erev tov, amitiés.
Monique Maidou, France
Cette étude est très profonde et elle me permet de la rapprocher des textes de la nouvelle alliance.
Cependant, en dehors du Cohen qui apportait dans “le Saint des Saints” du temple , les péchés du peuple, personne ne pouvait “se purifier” soi-même en obéissant uniquement à la loi Mosaique.
Du reste il est impossible d’accomplir la loi entièrement sans commettre aucun péché.
C’est pourquoi, le fait, simplement de “s’approcher ” de l’Eternel par la loi, ne suffit pas pour faire
de nous un peuple saint et vivant.
C’est pourquoi, étant donné qu’un homme pécheur ne peut rencontrer un “Dieu saint” il faut un médiateur, qui lui n’a pas commis de péché et est parfaitement purifié, accomplissant la loi.
Dans Mt 3: 2, chaque personne était encouragée à “se repentir” de ses péchés personnellement
et changer de comportement, car le Royaume des cieux s’était approché d’eux.
Il s’agissait bien des juifs dans le désert de Judée, auxquels s’adressait Jean-Baptiste.
Seul L’Eternel peut nous purifier de nos souillures à travers un médiateur qui prend notre place
et en l’occurrence le Messie qui est parfait (l’agneau sans tache s et sans défaut).
Il nous rend alors capable de rencontrer l’Eternel et de nous sanctifier pour pouvoir vivre totalement
une vie sainte et vivante qui l’honore.
Shalom, amitiés.
Haim, l’Etre humain est un mystère de par son essence : “Dieu insuffla le souffle de vie” . Je pense que la Parole est Vie et nous remplit de l’Esprit Saint qui est source de Vie. Il est urgent et nécessaire de lâcher, de se libérer des habitudes qui s’installent au quotidien et de retrouver les chemins de la VIE. Quiconque qui se centre sur l’Amour et le Respect de la vie, est “pur” devient l’instrument de Dieu, et DONNE VIE. Nous pouvons choisir la voie de la pureté ou inversement. Quand Dieu se révèle à l’homme obéissant la VIE est le signe de la Victoire car DIEU s’occupe du reste.DIEU EST SEIGNEUR, DIEU LE PERE EST BIEN VIVANT, Haïm !