L'hébreu biblique
Le blog de Haïm Ouizemann

Parashat VeZot HaBerakha, savoir recommencer

וַיִּקְחוּ בְנֵי-אַהֲרֹן נָדָב וַאֲבִיהוּא אִישׁ מַחְתָּתוֹ וַיִּ

Rouleau de la Torah, Musée d’Israël (© 2023 Haim Ouizemann)

La Parashat VeZot HaBerakha[1], la dernière péricope de toute la Tora, ne comprend que deux chapitres. Le chapitre 33 renferme les derniers mots du prophète des prophètes, Moïse, avant que celui-ci ne disparaisse.

Au début de notre parashah, Moïse bénit l’ensemble du peuple d’Israël :

א וְזֹאת הַבְּרָכָה אֲשֶׁר בֵּרַךְ מֹשֶׁה אִישׁ הָאֱלֹהִים אֶת-בְּנֵי יִשְׂרָאֵל לִפְנֵי מוֹתוֹ. (דברים לג: א)1 Or, voici la bénédiction dont Moïse, l’homme du Seigneur, bénit les enfants d’Israël avant sa mort. (Deutéronome 33 : 1).

Cette bénédiction, Moïse la partage entre tous les fils d’Israël issus des douze tribus. 

L’intérêt de cette bénédiction est double. Il se trouve d’une part dans le contenu de son message toujours porté vers le futur et d’autre part dans sa répétition. En effet, toutes ces bénédictions prononcées par Moïse ont déjà été énoncées par le Patriarche Ya’akov sur son lit de mort.

L’une des caractéristiques fondamentales de la bénédiction de Moïse réside dans le fait qu’elle repose sur la répétition sans laquelle la transmission aux générations futures serait impossible. Ainsi la grandeur de Moïse repose-t-elle sur celle du Patriarche Ya’akov.  A son tour Moïse, conscient que le peuple hébreu exige à sa tête un berger inspiré par l’Eternel et capable de préparer l’avenir du peuple d’Israël, lègue son pouvoir à son successeur Yehoshua (Josué) qui conduira les fils d’Israël en terre promise :

ט וִיהוֹשֻׁעַ בִּן-נוּן מָלֵא רוּחַ חָכְמָה, כִּי-סָמַךְ מֹשֶׁה אֶת-יָדָיו עָלָיו; וַיִּשְׁמְעוּ אֵלָיו בְּנֵי-יִשְׂרָאֵל וַיַּעֲשׂוּ, כַּאֲשֶׁר צִוָּה יְהוָה אֶת-מֹשֶׁה. (דברים לד : ט)9 Et Josué, fils de Noun, était plein de l’esprit de sagesse, parce que Moïse lui avait imposé les mains ; et les enfants d’Israël lui obéirent et agirent comme l’Éternel l’avait prescrit à Moïse. (Deutéronome 34 : 9).

Si certes la tradition hébraïque met l’accent sur la continuité, cela ne signifie en rien qu’elle rejette le renouveau. Bien au contraire, la répétition qui s’appuie sur le passé doit toujours s’accompagner d’une renaissance intérieure, d’une ouverture vers l’avenir.

Ce phénomène de renaissance est celui de Sim’hat Tora, temps de la lecture de la parashat VeZot HaBerakha, à l’instant même où le peuple d’Israël, ayant achevé le cycle de lecture de la Tora sur les bénédictions de Moïse reçues par le peuple d’Israël, continue en réouvrant immédiatement le livre de la Torah au premier chapitre de la Genèse (Bereshit) décrivant le cycle de la création de la Terre.

Ce recommencement, loin d’être une simple répétition monotone, nous invite à renouveler notre vision de l’Ecriture en y révélant les multiples pans cachés de la Parole divine.

Cette lecture infinie de l’Ecriture nous enseigne par ailleurs que la Parole divine n’est en aucun cas monolithique, doctrinale et dogmatique. La Tora aspire à nous éveiller à la complexité de la Vie et à son dynamisme qui ne pourront jamais être totalement décrits, définis et classés.

C’est pourquoi, l’étude quotidienne de La Tora vise, en autres, à nous ouvrir à la pluralité des commentaires et contribue au dialogue entre tous les mouvements du Judaïsme. Il nous faut rappeler que la Tora, dénommée « תּוֹרַת חַיִּים Torat Haïm, Enseignement de Vie », recouvrant toutes les dimensions de la Vie, a été donnée à l’ensemble des enfants d’Israël et ce, quelles que puissent être leurs différences :

ד תּוֹרָה צִוָּה-לָנוּ מֹשֶׁה מוֹרָשָׁה קְהִלַּת יַעֲקֹב. (דברים לג: ד)4 “C’est pour nous qu’il enjoignit un Enseignement [Tora] à Moïse ; elle restera l’héritage de la communauté de Jacob (Deutéronome 33 : 4).

A son tour, uni dans sa pluralité, le peuple d’Israël pourra transmettre les valeurs et les enseignements de la Tora aux Nations prêtes à écouter la Parole.

ה בְּעֵבֶר הַיַּרְדֵּן בְּאֶרֶץ מוֹאָב הוֹאִיל מֹשֶׁה בֵּאֵר אֶת-הַתּוֹרָה הַזֹּאת לֵאמֹר 5 en deçà du Jourdain, dans le pays de Moav, Moïse se mit en devoir de commenter cet Enseignement … (Deutéronome 1 : 5).

Rashi commente :

בֵּאֵר אֶת הַתּוֹרָה. בְּשִׁבְעִים לָשׁוֹן פֵּרְשָׁהּ לָהֶם:

De commenter la loi: Il la leur a commentée en soixante-dix langues.

C’est alors que la connaissance de l’Eternel pourra se répandre au monde entier et alors, la dimension universelle de la fête de Sim’hat Tora sera enfin reconnue. C’est peut-être le sens de cette fête, qui réunit en une seule parashah la bénédiction des enfants d’Israël et la création du monde.

ט לֹא-יָרֵעוּ וְלֹא-יַשְׁחִיתוּ בְּכָל-הַר קָדְשִׁי כִּי-מָלְאָה הָאָרֶץ דֵּעָה אֶת-יְהוָה כַּמַּיִם לַיָּם מְכַסִּים. (ישעיהו יא: ט)  9 Plus de méfaits, plus de destructions sur toute ma sainte montagne ; car la terre sera pleine de la connaissance du Seigneur, comme l’eau abonde dans le lit des mers. (Isaïe 11 : 9).

Que la joie de Sim’hat Tora illumine nos cœurs et rapproche les êtres les uns des autres dans l’esprit de tolérance et d’ouverture qui caractérise tant la Tora.  


[1] Parashat Vezot HaBerakhah : Deutéronome 33 : 1-34 : 12.

Shabbat shalom! Hag sameah!

Haïm Ouizemann

Partager sur email
Partager sur whatsapp
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur print
Souscription au Blog par Email

Entrez votre adresse mail pour suivre ce blog et être notifié par email des nouvelles publications.
Rejoignez les 777 autres abonnés

Quelques mots sur moi

J’ai plus de 30 ans d’expérience dans l’étude et l’enseignement de la Bible. Il n’y a pas de limite à ce que la Bible prodigue comme connaissance et inspiration pour la vie.
A propos…

Souscription au Blog par Email

Entrez votre adresse mail pour suivre ce blog et être notifié par email des nouvelles publications.
Rejoignez les 777 autres abonnés

Archives