La parashat Kora’h[1] relate le conflit de pouvoir entre Moïse et son cousin Kora’h qui tente de discréditer le Prophète des prophètes face au peuple qui s’ingénie à retourner en Egypte.
Par l’épreuve des encensoirs, Moïse révèle que son pouvoir n’est en rien usurpé mais que l’Eternel lui a confié la mission de conduire Son peuple comme le berger son troupeau (Nombres 16 : 28).
Quel est le sens de l’épreuve des encensoirs ?
| כח וַיֹּאמֶר מֹשֶׁה בְּזֹאת תֵּדְעוּן כִּי-יְהוָה שְׁלָחַנִי לַעֲשׂוֹת אֵת כָּל-הַמַּעֲשִׂים הָאֵלֶּה כִּי-לֹא מִלִּבִּי. כט אִם-כְּמוֹת כָּל-הָאָדָם יְמֻתוּן אֵלֶּה וּפְקֻדַּת כָּל-הָאָדָם יִפָּקֵד עֲלֵיהֶם לֹא יְהוָה שְׁלָחָנִי. (במדבר טז: כח-כט) | 28 Alors Moïse dit : “Par ceci vous reconnaîtrez que c’est l’Éternel qui m’a donné mission d’accomplir toutes ces choses, que je n’ai rien fait de mon chef : 29 si ces gens meurent comme meurent tous les hommes ; si la commune destinée des hommes doit être aussi la leur, ce n’est point l’Eternel qui m’a envoyé.(Nombres 16 : 28- 29). |
L’épreuve des encensoirs a pour dessein de démontrer à l’ensemble de la communauté d’Israël que Moïse a été choisi comme l’élu du Seigneur et non point son cousin Kora’h.
La réponse ne tarde pas à venir :
| לה וְאֵשׁ יָצְאָה מֵאֵת יְהוָה וַתֹּאכַל אֵת הַחֲמִשִּׁים וּמָאתַיִם אִישׁ מַקְרִיבֵי הַקְּטֹרֶת. (במדבר טז: לה) | 35 Puis un feu s’élança de devant le Seigneur, et consuma les deux cent cinquante hommes qui avaient offert l’encens. (Nombres 16 : 35). |
Puis le frère de Moïse, Aaron, sur son ordre, s’empare d’un encensoir grâce auquel il met un terme au châtiment divin infligé aux insurgés s’opposant à l’autorité de Moïse :
| יב וַיִּקַּח אַהֲרֹן כַּאֲשֶׁר דִּבֶּר מֹשֶׁה וַיָּרָץ אֶל-תּוֹךְ הַקָּהָל וְהִנֵּה הֵחֵל הַנֶּגֶף בָּעָם וַיִּתֵּן אֶת-הַקְּטֹרֶת וַיְכַפֵּר עַל-הָעָם. יג וַיַּעֲמֹד בֵּין-הַמֵּתִים וּבֵין הַחַיִּים וַתֵּעָצַר הַמַּגֵּפָה. (במדבר יז: יב-יג) | 12 Et Aaron prit l’encensoir, comme l’avait dit Moïse, et s’élança au milieu de l’assemblée, où déjà le fléau avait commencé à sévir ; et il posa l’encens, et il fit expiation sur le peuple. 13 Et il s’interposa ainsi entre les morts et les vivants, et la mortalité s’arrêta. (Nombres 17 : 12-13). |
Le grand commentateur Rashi pose la question de savoir pourquoi Aaron a fait usage de l’encens pour sauver les Hébreux.
ש «לָמָּה בַּקְּטֹרֶת? לְפִי שֶׁהָיוּ יִשְׂרָאֵל מְלִיזִין וּמְרַנְּנִים אַחַר הַקְּטֹרֶת לוֹמַר: סַם הַמָּוֶת הוּא, עַל יָדוֹ מֵתוּ נָדָב וַאֲבִיהוּא, עַל יָדוֹ נִשְׂרְפוּ חֲמִשִּׁים וּמָאתַיִם אִישׁ. אָמַר הַקָּדוֹשׁ-בָּרוּךְ-הוּא: תִּרְאוּ שֶׁעוֹצֵר מַגֵּפָה הוּא, וְהַחֵטְא הוּא הַמֵּמִית!» (רש”י על הפסוק במדבר יז: יג).
« Pourquoi avec de l’encens ? Parce qu’Israël en jasait (de l’encens) et le suspectait en disant : “C’est un poison mortel ! C’est lui qui a fait mourir Nadav et Avihou, c’est à cause de lui qu’ont été brûlés les deux cent cinquante hommes !” Le Saint béni soit-Il leur a alors dit : “Vous verrez qu’il met fin à l’épidémie et que c’est [en réalité] le péché qui tue.” » (Rashi sur le verset Nombres 17: 13).
Le commentaire de Rashi soutient la thèse selon laquelle Aaron fait appel à l’encens afin de démontrer que celui-ci ne détient aucun pouvoir magique ni de mort, ni de vie, idée fondamentale rapportée par Rabbi ‘Hanina ben Dossa dans le Talmud de Babylone (Traité Berakhot 33 : a).
La perte des hommes doit être essentiellement imputée à leurs propres fautes morales. Il en va de la responsabilité des hommes de choisir la voie du bien ou du mal. Ainsi en ces temps où des thèmes de société comme la transition écologique occupe l’espace médiatique et interroge les gouvernements, les chefs d’Etat ainsi que de nombreuses associations du monde entier, il nous faudra trouver des solutions créatrices pour surmonter la grave et inquiétante crise écologique que subit la Planète Terre, faute de quoi, une grande partie du genre humain subira les conséquences néfastes d’un effondrement à grande échelle de l’écosystème sur lequel repose la Vie.
La racine Q.T.R./ק.ט.ר. du terme « QeToReT קְטֹרֶת/ Encens » signifie en araméen « relier, coller, associer ». Aaron, homme de paix, de Shalom s’interpose comme médiateur entre les Hébreux et le Maître du monde dans l’espoir de réparer la coupure entre le peuple d’Israël en voie de formation et son Créateur.
L’Humanité attend de nouveaux prophètes qui courageusement seront prêts par leur parole salvatrice toute empreinte de Vérité à éclairer le monde sur les menaces qui pèsent sur lui.
La construction d’un monde meilleur dans lequel les êtres pourront pleinement se connecter à la transcendance divine commence avant tout par l’organe de la parole, la bouche, qui se situe entre la pure pensée créatrice et l’action transformatrice. Ainsi si Kora’h faute par la bouche, le prophète Samuel, son descendant, apporte la réparation par la bouche :
| ל פִּי-צַדִּיק יֶהְגֶּה חָכְמָה וּלְשׁוֹנוֹ תְּדַבֵּר מִשְׁפָּט. (תהלים לז: ל) | 30 La bouche du juste profère la sagesse, et sa langue énonce le droit. (Psaume 37 : 30). |
[1] Parashat Kora’h : Nombres 16 : 1-18 :32.
Shabbat shalom !
Haïm Ouizemann
